Carnet d’écriture

Il reste à peine une ombre sous un pont Une trace Le souvenir d’un passage Et dans l’acier noir d’un amarrage possible Le creux d’un dos trop longtemps appuyé La rouille qui affleure là où l’on a pleuré Il reste une ombre une trace Quelque chose s’efface Que je sais toujours là Il reste une […]

Assis à la pointe de l’île Sur un banc blanc Un bras de la Seine à droite Un bras de la Seine à gauche Regard tourné vers l’aval Je te sais un peu plus loin le long du fleuve Où l’eau ne me portera pas —- Si je pleure ici Plus tard bien plus tard

Je pleure encore C’est un peu plus rare c’est vrai Mais je pleure Certains petits matins Et quand rien ne prévient Pour le cri d’un goéland Trois mots d’une chanson Un reflet du soleil Une larme coule Une ou deux Trois ou quatre Je ne grimace pas Il n’y a plus ces sanglots étouffants Et

Combien sont-ils À avoir espèré Jusqu’à leur dernier jour Leur dernier souffle Un signe Rien qu’un signe qui dise Qu’ils n’ont pas souffert seuls Et que dans le désastre total D’une vie broyée Par la crasse Quelque chose a peut-être affleuré Là Juste sous la surface Et que cela suffit À justifier l’absurde

Fais ce que tu veux des poèmes Ils ne disent que la surface des choses À peine effleurent-ils Une vérité Qu’une autre semble déjà possible Et vraisemblable Prends tous les mots Tords leur le cou Extrais leur suc Ou laisse-les se dessécher Abandonnés dans le blanc luminescent de l’écran Comme au néant Les poèmes ne

Au plus haut de la joie Dans les moments de liesse Quand battent les tambours Et soufflent les trompettes Alors même que le rire Prend la place des larmes Caché au creux du cœur La béance me lance Une ancienne blessure Une vieille fracture Une brûlure sournoise Qui n’est que ton absence Il manque ton

Le poème résonne Dans le vide Pas vraiment un écho – L’écho est déjà une réponse – À peine une réverbération Un pleur d’orphelin triste Un sanglot étouffé Personne pour le lire Personne pour l’entendre Le poème est cri du cœur Resté en travers de la gorge Un pauvre cri d’aphone Englué de coton Un

Ne vas pas croire que j’oublie Les sourires et les plis du regard La chaleur des accueils Et le plaisir tout simple Des moments partagés Les terrasses en été Ou les chocolats chauds Ne pas croire que j’oublie Les chemins buissonniers La descente des fleuves Les couleurs dans la nuit Sous les ponts éblouis Les

Sans te dire au revoir Partir c’est fuir Sans les mots Sans les gestes Et sans même un regard Mais le cœur noué Aux branches du basson La respiration coupée Aux cordes du piano Partir c’est mourir Un peu Pas moi qui l’ai dit le premier C’est une fugue Une cavalcade C’est quitter tout espoir