213 – ce que tu veux

Fais ce que tu veux des poèmes

Ils ne disent que la surface des choses

À peine effleurent-ils

Une vérité

Qu’une autre semble déjà possible

Et vraisemblable

Prends tous les mots

Tords leur le cou

Extrais leur suc

Ou laisse-les se dessécher

Abandonnés dans le blanc luminescent de l’écran

Comme au néant

Les poèmes ne sont que ce que tu y vois

Il sont aussi tout autre chose

Un reflet un mirage une ombre pâle

Tu as cru lire une vérité

Mais l’ambiguïté des verbes

Est un piège éternel tendu comme un filet

À la pêche

Tu crois remonter des sébastes

Ce ne sont que vieilles godasses

Tu crois que je pêche

J’aide les dauphins à ne pas s’asphyxier

Dans le sel des larmes

Qui ont tout emporté

Tu crois que je pêche

Je m’appuie sur la cane pour ne pas sombrer

Et tire à la ligne

Bon qu’à ça disait Beckett

Et il avait raison

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