Fais ce que tu veux des poèmes
Ils ne disent que la surface des choses
À peine effleurent-ils
Une vérité
Qu’une autre semble déjà possible
Et vraisemblable
Prends tous les mots
Tords leur le cou
Extrais leur suc
Ou laisse-les se dessécher
Abandonnés dans le blanc luminescent de l’écran
Comme au néant
Les poèmes ne sont que ce que tu y vois
Il sont aussi tout autre chose
Un reflet un mirage une ombre pâle
Tu as cru lire une vérité
Mais l’ambiguïté des verbes
Est un piège éternel tendu comme un filet
À la pêche
Tu crois remonter des sébastes
Ce ne sont que vieilles godasses
Tu crois que je pêche
J’aide les dauphins à ne pas s’asphyxier
Dans le sel des larmes
Qui ont tout emporté
Tu crois que je pêche
Je m’appuie sur la cane pour ne pas sombrer
Et tire à la ligne
Bon qu’à ça disait Beckett
Et il avait raison