Il reste à peine une ombre sous un pont
Une trace
Le souvenir d’un passage
Et dans l’acier noir d’un amarrage possible
Le creux d’un dos trop longtemps appuyé
La rouille qui affleure là où l’on a pleuré
Il reste une ombre une trace
Quelque chose s’efface
Que je sais toujours là
Il reste une apnée éternelle
L’impossibilité de reprendre son souffle
La pression sur la poitrine qui cloue aux berges
Il reste aussi
Le souvenir d’une légèreté
Comment l’on a effleuré le ciel
Avant de se noyer
C’est dans l’ombre sous le pont
Le dernier éclat d’une lumière que l’on est seul à voir
Un regret
La dernière bouffée d’oxygène avant le grand plongeon
Comment l’on a pris la chaleur du soleil sur les épaules
Et l’on s’est brûlé
Puis le froid les bourrasques et l’orage
Il reste à peine une ombre sous le pont
Et comment se laisser glisser par le fond
C’est dans l’ombre la vie ratée
C’est regarder couler la Seine où l’on a navigué
La Seine lourde des larmes de tous les poètes
La Seine noire du sang désespéré
Sous tous les ponts la Seine et nos amours
Coulent
La houle a bientôt tout emporté