Carnet d’écriture

Un nouveau monde strictement identique au précédent Sauf ton absence C’est la trace que tu as laissée En passant Tout est pareil et les objets exactement à leur place Et les gens aussi semblables qu’ils peuvent l’être Comme avant Mais tu n’y es pas Tu as laissé un vide que je suis seul à voir

Parfois encore L’envie de t’écrire Que tu saches comment se reprennent les appuis Que tu saches l’amplitude déclinante des vacillements Que tu saches l’équilibre possible malgré le gouffre Parfois l’envie de te dire que ça va aller même si Même si je ne renonce pas aux mirages Même si je regrette aux reflets des vitres

Lancer les dés au loin Et ne trouver d’attrait qu’à la roulette russe Sauver quoi ? Quelle beauté ? Ma seule étoile est morte et j’ai brûlé ses lettres Au feu du soleil noir déclinant sur la ville C’est l’horizon – Regarde voler les papiers gras Et les lourds goélands se repaitre des restes Quoi

Laisse glisser derrière toi Le paquet d’idées sombres Indistinctes et honteuses Qui gluaient sur ton cœur Obstruaient tes poumons Et te serraient la gorge – Laisse glisser derrière toi Les toxiques impavides Indifférents à tout Les absents au dialogue – Laisse glisser derrière toi Les crissements de ceux Les bruissements de celles Qui ne comprennaient

Tu n’as laissé derrière toi Qu’effluve évaporé Pas tout à fait une odeur Même pas un parfum La trace subtile d’une fragrance Volatile A peine perceptible Quelques émanations fleuries Magnolia tulipes blanches cerisier Amande émondée Un mirage olfactif Un brouillard qui se dissipe Impossible à retenir Bientôt ne restera qu’un souvenir Notes de cœur diffuses

Cesser le combat Tout le monde a perdu Son âme ou son honneur Sa raison Le terrain vague où flaquent les erreurs Irisées d’huiles imputrescibles Terrain aux pollutions ultimes Terre condamnée impropre à la végétation Champs de bataille retourné de métaux lourds comme des cœurs Meurtrissures Déchets toxiques en fûts derrière les palissades grises Défense

Pendant trois heures je n’ai Pas pensé à toi Pas une fois ton prénom Ni mon cœur qui s’emballe Trois heures et rien Qui te ramène à moi Ni l’ombre d’une passante ni l’écho d’un rire franc Ni le mouvement flou d’un nuage au lointain dessinant un mirage Ni la fugace odeur d’un poivre de

On n’oubliera rien Chaque instant plus précieux Chaque éclat Et toutes les minutes arrachées aux aiguilles On n’oubliera pas les regards échangés Ni les silences Les confidences On n’oubliera ni les conseils ni les aveux Les non-dit restés en suspens On n’oubliera aucun kilomètre aucun lieu Rien de ce qui fut partagé On n’oubliera pas

Elle aime assez l’idée Que les choses soient simples Et légères Les paroles tenues Le respect La confiance Elle aime assez l’idée Du naturel et du facile – Mais ne se méprend pas sur Les regards et les mains Qui se posent aux épaules Les bises Les rencards Et les propositions De boire un café