Tu as ouvert le livre, un peu au hasard, et c’est de toi qu’il parlait
Tu as feuilleté, un peu surprise, et tu t’es reconnue
Quelques pages plus tard, c’est quelqu’un que tu connais
Qui est apparu à mi phrase à mi paragraphe
Le livre t’a fait de l’oeil
Tu t’es laissée séduire d’abord
Et puis un vague sentiment de malaise
Le livre en savait trop en disait trop
Se pouvait-il
Qu’on lise en toi comme cela qu’on te connaisse si bien
Ou pire encore, et c’est une vague d’effroi
Ta vie serait-elle à ce point prévisible
Que le livre soit capable de t’annoncer la suite
De t’annoncer la chute et ce qui ne s’est pas produit
Mais adviendra, quoi qu’il arrive puisque
Les choses dans la vie se terminent aussi
Et rarement mieux
Tu as lu jusqu’au bout
Mains moites sur les pages ivoire
Tu as lu jusqu’au bout et sans surprise
Tu as su comment tout cela devait finir
Et pas autrement