Il y a des moments où le muscle cardiaque se recroqueville dans sa cage et les poumons se pressent comme de vieilles éponges un peu sales dont des flocons gras manquent de se détacher. Il faut respirer, et c’est à petits flux. Le coeur continue de battre, un coup sur deux, tant bien que mal, endolori. Une lame se faufile entre deux vertèbres, et quelque chose cogne à l’intérieur des tempes, un SOS, sans doute. Des moments où le corps rechigne, et l’on reste immobile de peur d’entendre craquer les coudes, les genoux, et de voir céder les chevilles sous le poids de la peine. On reste posé où l’on est, et c’est aussi mal qu’ailleurs. Pas de motivation. Déjà, peut-être, tenter de desserrer la mâchoire, décontracter les muscles des épaules. Arracher le pieu qui perce le sternum. Il n’y a pas de larmes. Longtemps qu’il n’y a plus de larmes. Ni larmes ni tremblement. Une immobilité de roc fissuré. Une promesse de sable. Tout oppresse. Aspiré par un siphon invisible à l’intérieur de soi, s’attendre à disparaître d’un instant à l’autre. Reprendre conscience surpris d’être encore présent, un peu plus poussière, mais présent. Ignorer quoi faire. Il y a des moments qui ressemblent au dernier.
