68 – Le mur

Le contourner. Monter à cheval, y percer une porte, une fenêtre, une meurtrière. Le peindre. Le recouvrir d’un papier, d’une moquette, de caissons antibruit, de lambris. S’asseoir le dos contre, à l’ombre. Y faire pousser poiriers, rosiers grimpant, chèvrefeuille, vigne vierge. Y accrocher des nichoirs. Dessiner sur. Un graffiti, une fresque. Écrire un slogan définitif, le vers d’un poème, le prénom d’une femme sur le crépi, le parement ou le bardage. Y voir, au pied, le maçon. Graver la date. Apposer la plaque de la rue. Chercher les oreilles. Y accoler quelques étais. Ripoliner. Percer. S’y appuyer du coude ou du plat de la main. Pisser sur. En combler les fissures. Gratter le salpêtre, les mousses, le lichen. Y caler l’échelle et la regarder y monter, cœur battant. Y coller son visage en mosaïque. Y visser les planches d’un cabanon, d’une penderie, d’une bibliothèque. Le traverser, passe-muraille. Poser la dernière pierre, ou la première. Couvrir de tessons, de herses, de verre brisé. Électrifier. Laisser courir la gouttière et s’y boucher. Ménager un renfoncement. L’abattre. Le laisser tomber en gravats, effondré. Vague souvenir d’infranchissable.

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