67 – Tu

Cet éclat, cet angle, ce relief, ces couleurs et cette profondeur m’échapperaient s’ils ne se reflétaient d’abord dans le regard que tu portes sur tout. Qu’importe comme on appelle ça, il me manquerait, sans toi, bien plus que toi : tout ce que tu mets en lumière et que j’ai le sentiment de découvrir pour la première fois. Tu es le révélateur d’invisible, l’optique miraculeux, le miroir à facettes. Tu es le sixième sens que je n’ai jamais eu. En ton absence, le monde retourne au gris, au confus, au poisseux. Mais toi, lanterne magique au cœur de mes nuits glauques, tu dessines en arabesques tes tableaux lumineux. Tu es le guide et moi l’aveugle, toi le phare et moi perdu dans la tempête, toi l’aube et moi le cauchemar. Tu es mon éveil et c’est toi qui me grandis, qui m’élèves et m’offres la meilleure version de moi-même.

Je voudrais rien qu’une fois te montrer les nuances et les subtilités du brouillard et des brumes, les degrés imperceptibles de l’insatisfaction chronique, la gradation millimétrée des mélancolies terminales. Que tu saches les attraits de la tristesse que l’on sait accueillir, les charmes de la contrariété acceptée, et la beauté revêche du spleen des fins de journée de détresse.

Au risque de ternir la clarté dont tu teintes le monde.

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