Poèmes naïfs

Tu t’es envolée Tu ne pouvais rien faire d’autre que t’envoler Tu as cette légèreté du nuage Que le vent pousse et efface Sans pluie Un banc de brouillard d’altitude Qui disparaît Des traces ? Partout Les ombres que tu as laissées Sur les murs et les prairies Aux fenêtres closes En miroir des flaques […]

Ce qui se produit au-delà des frontières Derrière les rideaux tirés Les murs montés à la va-vite De moellons et de chaux Ce qui doit se produire Puisqu’il se produit toujours quelque chose Parce que la répétition monotone des événements est déjà un événement Je ne peux qu’espérer que ce soit du bonheur De la

Ne plus donner signe de vie Être absent des rues grouillantes Glisser dans l’ombre Vapeur dans l’air Et se faire oublier N’avoir plus d’importance N’être plus Refuser de se battre Renoncer N’avoir plus ni chemin Ni compagnonnage Ne pas apparaître aux croisements des avenues Éviter les ruelles Ne pas tenter, surtout, le hasard N’aller nulle

Il y a se morfondre Et les réminiscences La morsure profonde Et l’absence de sens Ça peut durer toujours Il suffit de rester Attendre que ça passe Avant d’oser bouger Ressasser ressasser Brasser les souvenirs La douleur la chaux vive Les cicatrices ouvertes — Ou dire allez ça va Il faudra faire avec Ou ne

Deux jeunes filles De quatorze et quinze ans Apprennent Les premières sorties Valident Les tenues réciproques Se quittent en se serrant dans les bras Et se disent : on s’appelle Leurs pères savent les risques Et l’inéluctable liberté des soirées sur la plage C’est l’été Le bord de mer Et l’éternité qui dure trois semaines

Il y a eu ces instants Suspendus sans conséquences Sans la moindre attente Dans le partage simple Du moment Dans le plaisir unique D’être là Il n’y avait rien d’autre et je ne regrette rien De l’écoute et des sourires Des échanges des idées Et des éclats de rire Il y a eu ces instants

Ton tissu de mensonge N’intéresse personne Tu l’as un peu cherché Tu voulais quoi ? Tu peux garder ta haine Personne ne veut plus te parler Il a fallu faire ton boulot Ils ne te diront plus bonjour Ils ne te salueront pas Je ne te crois pas Ton tissu de mensonge Un peu cherché

Il y a toujours ce double sens Dans « je t’écris » Selon que je m’adresse à toi Ou que je te trace en mots sur la feuille Ton portrait dans le texte La lettre que je t’envoie Je t’écris Avec l’ambivalence Et puis l’ambiguïté Du complément d’objet Que tu n’es pas Ni complètement ni objet La

Les trois fantômes tournent Assis sur ce manège Où l’on voit d’ordinaire Rire des enfants blonds Ils ont le visage masqué Par l’ombre et le brouillard Mais l’éclat de leurs yeux Glace le cœur de ceux Qui osent y regarder Assis sur ce manège Ils tournent à toute allure Hurlant les cris forts et Rauques

Il n’y a plus personne Ça paraît irréel Ce vide qui résonne Aux battements de mon cœur C’est la bonne nouvelle Au moins il bat encore