Le temps et la distance
Les kilomètres de brouillard
Les minutes de silence
Les mois et bientôt les années
Il aurait fallu ça
Tu crois ?
Ça ne suffirait pas
La profondeur des océans
La hauteur des nuages
Les tangentes et les méandres
Les ponts abandonnés aux ruines
Il aurait fallu ça
Et plus
Beaucoup plus
Des langues inconnues
Et ne plus rien entendre
Dans le cotonneux
Derrière les remparts
De chaque côté des douves
L’infranchissable des frontières
Il aurait fallu
Pour m’éloigner de toi
Qu’on m’attache au poteau
Des torture annoncées
Qu’on coule mes chevilles au béton
Qu’on fonde mon cœur dans l’acier
Il aurait fallu des pièges
Et m’écarteler
Me livrer aux loups
Tu crois ?
Ça n’aurait pas suffit
L’aridité des déserts
Les à-pics
Les crevasses et les falaises
Les abîmes
Le lent crépuscule des folies passagères
L’assèchement des landes
L’impossibilité du dialogue
Le vol groupé des rapaces à noircir le ciel
Et l’assourdissante fanfare des nains tonitruants
Ça n’aurait pas suffit
Dans le claquement des portes qui se ferment
L’éboulement des murs de soutènement
Le fracas des abandons
Les hurlements les cris les grincements
Le bris des poutres maîtresses
Non
Ça n’aurait pas suffit
À m’éloigner de toi