2 août
Deux ans et demi après, que reste-t-il ? Il y a ce que je n’ai pas choisi, et ce que je peux choisir. L’expérience du harcèlement moral et de la dépression, derrière moi, puis de la colère, car il y a eu colère et déception. Tout cela mélangé, mais appuyé sur des faits, vérifiables, et jamais remis en cause. Cela devient petit à petit une expérience traversée, avec ses conséquences. La confiance qu’il ne fallait pas donner. Celle qui est devenue difficile à donner. Pas impossible, difficile : dans la tempête, il y a eu celles et ceux qui étaient là. Et puis il y a eu l’écriture. Je ne suis pas devenu écrivain grâce à la dépression. Heureusement. Parfois l’homme écrit avant, et même un inédit qui attend dans les tiroirs. Mais la dépression, les humiliations, la lâcheté, l’incompétence, la bêtise, tout cela nourrit l’homme, et je ne suis plus exactement le même. De la boue, réussir à faire des phrases. Pas pour guérir, mais parce que c’est la matière qui est là. De la boue, de la glaise, et c’est l’atelier du sculpteur. Donner forme. Une fois le matériau dompté, en choisir d’autres. Peut-être là où j’en suis dans l’écriture. Le moment d’un texte qui n’a plus rien à voir avec la douleur. Enfin, le moins à voir possible. Comme la vie qui s’apaise et le loisir qui revient. Pas que j’oublie, je ne veux ni peux oublier, pas « passer à autre chose ». C’est là pour toujours, les couteaux plantés dans le coeur et le dos. Mais prendre une inspiration ailleurs. Pour respirer. Enfin.