50 – N’être là pour personne

C’est se créer absence, gagner au roi du silence, finir l’évanescence. Disparaître. Ne laisser de traces que dans la mémoire, et de plus en plus floues, de celles et ceux qui petit à petit ne se souviennent que d’une ombre, sans certitude de ne l’avoir pas rêvée. Un fantôme, un courant d’air. N’être plus, n’être pas, être ailleurs, peut-être, potentiel. Se fondre dans le décor. Caméléon triste, gagner au cache-cache ultime.

Tellement nombreux à espérer qu’on les remarque, qu’on les mette en lumière et qu’on les applaudisse. Les places au premier rang prises d’assaut et sur la scène les bienheureux gagnants de la tombola de la vie. Allumez donc les projecteurs et roulez tambours. Ils prennent toute la place, elles jouent des coudes. C’est la bagarre pour la photo, et envoyez les cotillons, les paillettes, les fanfreluches. Sonnez trompettes de la renommée.

Rester dans l’opacité des zones limitrophes. Rebrousser chemin à mi-parcours. Dégager sur les côtés et s’allonger dans le fossé. Se glisser gris par les fissures des murailles. Reculer masqué, camouflé, furtif, silencieux, invisible. Passer, inaperçu. Oublié.

Il n’était pas avec nous ? Qui ça ? Mais, si tu sais bien… Non, je ne vois pas de qui tu parles. Ce mec… Un mec ? Il y avait un mec. Il me semble, je ne suis pas sûr. Il ressemblait à quoi ? Je ne sais pas.

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