227 – Correspondance 4

Correspondance sans correspondante. Lettres en poste restante. Missive to miss. Je ne sais pas si c’est une nouvelle série. Mais je t’écris. Peut-être que tu te reconnaîtras, si tu existes ailleurs que dans ces lettres.

Toi,

Je vais prendre la route pour te retrouver. J’ai décidé cela aujourd’hui. Si je pars de bon matin, je serai devant chez toi dans la soirée. Je sonnerai, tu m’ouvriras. Tout semblera d’une totale évidence. Je n’ai qu’à prendre mon courage en mains.

Tu seras peut-être étonnée, surprise par ma présence, heureuse j’espère : le temps a passé et il aplanit tout. Je n’ai rien oublié du désastre et j’en sais les coupables. Et je l’ai dit. Reste à tout reconstruire.

Le silence aurait été d’une lâcheté que je ne pouvais me permettre. Au moins, je peux me regarder en face, sans honte.

J’ai tellement perdu qu’il n’y a plus grand chose à sauver. Et je perdrais le peu qu’il me reste s’il le fallait. Je suis près à tout. Et quand je n’aurai plus rien, comme dit la chanson :

J’irai cueillir sur la falaise

Les marguerites au goût de sel

Ne cherche pas, c’est moi qui l’ai écrite celle-là. Il y est question d’un amoureux qui part cueillir un bouquet pour sa belle. Les plus belles marguerites sont juste au bord de la falaise. Parce qu’il veut que son bouquet soit le plus beau, les fleurs deviennent petit à petit trop lourdes pour lui ; il perd l’équilibre et il tombe. C’est triste et mélancolique. Pour survivre, elle se persuade qu’elle n’a jamais eu la moindre amitié pour lui. Elle tente de l’oublier. Mais le vent porte régulièrement jusqu’à chez elle l’odeur salée des marguerites.

C’est triste et mélancolique, comme moi. Et c’est pour la joie que je prends la route pour te rejoindre. Je t’espère là, au rendez-vous. La vie est trop courte pour que nous acceptions ces silences. je t’espère assez forte pour nos éclats de rire. Assez forte pour la légèreté qui fait flotter dans l’air au lieu de tomber des falaises.

La vie, je le sais, ce n’est pas comme dans les chansons. Mais j’en écrirai d’autres pour nous, parce que, parfois, c’est bon d’y croire.

Je prends la route. Elle passe, tu le sais, en bordure des coteaux, le long d’un fleuve sinueux. Si je n’arrive pas, c’est que les fleurs auront été trop lourdes. Ne m’en veux pas. J’ai fait tout mon possible.

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