Poèmes naïfs

Tu es venue Silhouette entr’aperçue Debout après le dernier rang Tu es venue presque cachée Et je t’ai vue Si ce n’était pas toi qu’importe Tu étais là Pour moi Ma voix a sans doute un peu tremblé J’ai continué de parler De répondre aux questions De sourire au public Tu étais là comme souvent […]

Je ne crois qu’aux fantômes, à l’oubli Les ombres ont cessé de passer Sur les terrasses Il pleut Il n’y a que l’absence Les chaises trempées Les tables en flaques de misère L’odeur du tabac qui infuse Les cendriers qui dégoulinent Passe une femme courbée Qu’on verrait apporter le trèfle aux lapins Et n’a rien

Il faudra vivre avec Une étoile morte au cœur Une de plus C’est lourd comme un soleil Froid comme une nuit d’hiver C’est là Ça n’en bougera pas C’est une bille Pas plus gros qu’une bille Une ossification de larmes Un cristal de tristesse Il faudra vivre avec ce petit bout de mort Ce deuil

Je ne t’ai jamais tenu la main Jamais serrée dans mes bras Nous avons maintenu la distance Autant qu’il pouvait se faire Pourtant jamais Je n’ai été aussi proche Pourtant jamais Je ne me suis senti aussi loin Jamais pourtant Je n’ai rien envisagé Aucune idée De quoi faire avec ça

Ils n’ont rien comprisRien vu rien apprisIls ont cru savoirMais n’ont pas su voir Ils ont décidéIls ont déchiréLes pactes morauxLes contrats légaux Ils ont cru pouvoirIls n’ont pas saisiLe poids du devoir Sûrs de leur bon droitIls n’ont pas choisiLeur meilleur emploi

Tout ça pour ça Tout ça pour rien Tout ça pour si peu Tout ça dans la gueule et le cœur Tout ça jusqu’au vomissement Tout ça et puis quoi Quoi encore Tout ça et ça peut se regarder dans la glace Tout ça et ça fait comme si Tout ça avait été fait comme

Il y a celle qui hurle l’intolérable violence Subie par toutes (Et elle a raison) Mais qui un brin de pouvoir entre les mains Comme n’importe quel autre Violente et brutalise Puis continue de dénoncer l’inadmissible Sa légitimité en étandard Sans honte Mais chacun voit Son double jeu —- Il n’y a plus de confiance

Entre deux eaux Flottant A mi-hauteur Plus de raison De tomber ni faire surface Aucun mouvement N’arriver plus À respirer Depuis longtemps Les yeux ouverts Vitreux La peau qui squame Lentement Ne rien attendre De bon Ni de mauvais Gagner l’indifférence À tout Gagner l’immobilité Lucide De ceux qui n’espèrent plus Avoir eu la chance

Je ne veux plus te voir Que tu sois pour toujours ce souvenir Rien à reconstruire sur les ruines De nos destins fantômes De mon destin d’ombre perdue Avoir espéré que quelque chose survive à tout cela mais rien Rien d’aussi beau que ce qui a été Assister à l’effacement des traces Déjà ici ou

Laisse-moi oublier Laisse-moi partir Laisse-moi recouvrir de brouillard les arrêtes vives du silex Laisse-moi voler Laisse-moi fermer les yeux Laisse dormir sans rêve le poète à deux sous qui s’encombre de souvenirs trop lourds Laisse courir au loin les sentiments sans attaches Laisse-moi au coin de la rue Je trouverai mon chemin Laisse derrière nous