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D’après une histoire vraie, Delphine de Vigan

D'après une histoire vraie, Delphine de ViganDe tous les romans de la rentrée littéraire, et il en est d’attrayants, j’ai d’abord lu D’après une histoire vraie, de Delphine de Vigan. C’est une de mes éditrices qui me l’a recommandé. Elle n’avait pas tort. Elle connait mon travail, et elle savait que le livre trouverait en moi un terrain favorable. Elle ne s’est pas trompé.— attention, pas vraiment de spoiler ci-dessous, mais des indices qui peuvent gâcher le plaisir, peut-être —

C’est mon premier Delphine de Vigan. Ma fréquentation des best-sellers n’a rien d’automatique. Elle y parle de se qui s’est passé après la publication de son roman d’avant, qui a formidablement marché. C’est du réel, mais, comme j’étais passé à côté, pour moi, ce pourrait déjà être de la fiction. Et c’est important, parce que D’après une histoire vraie porte justement là dessus : la fiction ou le réel, quel matériau pour écrire, ce que veulent les lecteurs, et que le roman se serait fait damner le pion par les séries télé qui font de bien meilleures fictions.

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On ne sait pas au juste ce que pense de tout cela Delphine de Vigan, mais, à partir du vécu, elle construit bien une fiction. Un trompe-l’oeil, c’est le mot important, avec des mises en abyme jusqu’au vertige. Et elle réussit le tour de force, même si le lecteur attentif voit venir le coup, de ne révéler le pot aux roses qu’à l’extrême roman, dans le tout dernier caractère imprimé, juste après le mot FIN. Plus fort qu’Agatha Christie, à tel point que cela pourrait bien échapper à quelques lecteurs un brin distraits.

Sous le patronage de Stephen King, maître de la fiction s’il en est, Delphine de Vigan ne renie pas ses influences, cite des titres de livres à tire-larigot (mais en finesse), et fait de la littérature sans avoir trop l’air d’y toucher, dans un style fluide au point de se faire oublier (ce qui est bien plus facile à lire qu’à écrire), avec, ça et là, quelques effets discrets qui tombent à pic.

Delphine de Vigan raconte ce que vit l’écrivain entre deux livres, ce que c’est qu’écrire, cette vie là quand c’est toute la vie. Ce n’est pas nouveau, mais ça me fait rêver, et un peu vivre, depuis que je tiens un crayon, et ça dure plus longtemps dans la vie de celui qui écrit que le moment où le livre parait, alors je suis plutôt bon public pour ce genre de propos. Le roman de Delphine de Vigan est une confession, une chute, un vertige lorsqu’écrire devient impossible et que c’est une autre, simplement appelée L., croisée un peu par hasard, qui va venir comme une béquille suppléer l’incapacité à produire du texte. L, qui va petit à petit prendre une place non négligeable auprès de Delphine de Vigan, et ce sera l’intrigue du roman, car il y en a bien une.

Là où mon éditrice a eu raison, c’est que le livre arrive pile poil au bon moment dans ma pile de lecture. Début 2016, je sors un livre qui m’a amené à me poser très concrètement toutes ces questions du rapport du réel et de la fiction. Et, pour le suivant, car, comme pour Delphine de Vigan, la question du livre suivant se pose toujours, ce sera l’un des nœuds du problème. Mais c’est une autre histoire.

Bref, bonne pioche, je recommande.

  • D’après une histoire vraie, par Delphine de Vigan, JC Lattès, 480 p., 20 euros.

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