Quelque chose de l’enfance, un souvenir de doigts collants, de lèvres sucrées, de fleur d’oranger. Un parfum de fête et une odeur entêtante d’alcool, légère, mais entêtante. Des auréoles de gras sur les serviettes en papier et la main, encore et encore dans le grand saladier, encore et encore tant qu’il en reste, jusqu’à se faire exploser l’estomac, jusqu’à l’écœurement, jusqu’à n’en plus pouvoir, vraiment parce que ça ne se garde pas, parce que ce n’est pas si bon le lendemain, parce que ce n’est qu’une fois dans l’année et parce qu’il est impossible de s’arrêter. Allez, encore une. Une petite. Une de plus, ça ne changera rien. Au point où on en est. Chaque année les regrets de ne pas avoir été plus raisonnable lorsque couché, ballonné, repu, on entame une nuit peuplée de cauchemars, de fantômes, de monstres de carnaval et interrompue par quelques aigreurs, des réveils en sueurs, des terreurs indicibles, des cris peut-être. On aurait dû être raisonnable.