Jamais tu ne trouveras deux gouttes d’eau semblables ni deux figues, alors trois… Dans chacune, c’est l’infini d’un monde et le hasard absolu si l’on y trouvait le nombre égal de pépins et le poids strictement identique. Seul un manque flagrant de sens de l’observation pourrait te faire prendre une figue pour une autre. Sans même l’ouvrir d’infinies variations de teinte, des nervures légèrement distinctes. Cherche autant que tu peux les fruits similaires, jumeaux parfaits, triplés analogues. Tu y perdras ton temps, ton souffle, ta vie. La troisième figue offerte si elle est pareille aux autres est un cadeau empoisonné, une malédiction. Et l’on verrait face à l’étal des vieillard d’abord tremblants et bientôt décharnés soulever les figues une à une, les regarder par le dessus, par le dessous, et les reposer doucement dans un soupir, et bientôt un râle. A ce prix, ils se disent que cela vaut l’effort, sans doute, mais ils n’arrivent à rien et rendront là leur dernier souffle sans avoir trouvé le deuxième fruit, et sans entrevoir jamais la troisième figue.
J’ai eu le plaisir de déguster des figues cueillies sur l’arbre lors de mon séjour à Toulouse. Quel plaisir ! Retourner délicatement la peau pour entrevoir l’amas de pépins. Croquer dedans puis broyer en les faisant crisser sous les dents. Déguster cette matière douce, sucrée et parfumée d’un goût inimitable. Oh surprise, lors d’une randonnée, j’ai pu constater que le long des chemins poussent des figuiers, comme les noisetiers et les pruneliers en Normandie. Le pays toulousain est plein de prévoyance pour regonfler le randonneur affamé et qui a oublié le sachet acheté par Cyprienne.