Une marque associée à un slogan d’enfance, et ça suffit parfois pour que la main aille du rayon au caddie. Hop, c’est acheté. Caprice des dieux, caprice à deux. Tout un programme, et quand j’avais 11 ans, j’aurais aimé partager le fromage avec Benoit. Je n’avais pas d’idée précise de ce que c’était qu’un caprice à deux, mais j’étais amoureuse. Comme je ne l’ai peut-être jamais été depuis. Il ne faut pas sous-estimer les amours enfantines. Celles d’avant le désir, où juste on s’échangerait un bisou et se tiendrait par la main. Un amour d’avant la fuite du paradis. Mais je n’avais pas partagé le fromage, et Benoit n’avait jamais saisi la perche que je lui lançais à coup de regards que je pensais langoureux, même si, bien sûr, je ne connaissais pas le mot. Benoit n’en avait que pour Sylvie, comme tous les garçons de la classe. Et je vais manger ce soir mon fromage seule comme je le suis depuis, et je verserai peut-être une larme. Parce que ce n’est pas, mais alors pas du tout, la vie à laquelle je rêvais.
Caprice des Dieux, « un amour de fromage ». Les anges avec leur trompette semblent crier leur louange. Être le fromage des Dieux, quelle destinée ! Mais je préfère un goût fort qui mets en valeur le verre de vin qui va suivre. Je ne croix pas que le royaume de Dieu ou des Dieux, écarte les sensations fortes comme celles d’un fromage suffisamment affiné. Patience nous le découvrirons un jour.