Balbuzard, vous avez dit…

Il faut voir voler la mouette. Ce sera toujours une mouette. Qu'importe le goéland ou l'albatros. En bord de mer, là haut, dans le ciel, au-dessus des vagues. On n'est pas ornithologue, et l'émotion que l'on ressent depuis toujours, depuis enfant, c'est l'émotion d'une mouette. On ne confondra pas avec le pélican, fascinant, mais qu'on ne trouve pas sous les mêmes climats. Ce sera toujours une mouette. Et ce sera toujours un peu magique. Derrière cette mouette, il y a toutes les autres déjà vues, des brouettés de mouettes, des tombereaux, des nuages à cacher le soleil de mouettes entassées, superposées, plongeant vers l'eau. On sait que c'en sont rarement, qu'il existe toutes sortes d'oiseaux marins dont on ignore le nom, et qu'il s'agit sûrement d'un de ceux-là. Mais l'on dira à l'autre, qui nous accompagne : "Regarde la mouette" ou encore "il y a beaucoup de mouettes aujourd'hui". L'autre, plus calé, nous parlera de sterne ou de guillemot. On haussera les épaules : "poseur…" Ce sont toujours des mouettes. Mais l'on réalisera un jour, en jouant au Scrabble, que de mouette à moquette, il n'y a qu'un q. Et jamais, jamais plus, on ne regardera les oiseaux sans sourire un peu, au bord de la mer. On aura perdu l'émotion de la mouette, et peut-être, le coeur un peu serré, apprendra-t-on à distinguer le balbuzard du courlis.

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