3. Le lieu

L’endroit peut-être défini, précisément. Une longitude, une latitude. Une hauteur par rapport à la surface des choses. Le lieu peut bien se déplacer ; où qu’il soit on lui affectera de nouvelles coordonnées. Il ne peut pas fuir. C’est un point toujours visible. Un point plus sombre apparu partout où je regarde. Dès que la luminosité est un peu plus forte. Blanc de la page lue, lumière de l’écran : la tâche est là. Grisâtre. Si je me concentre dessus, j’en aperçois d’autres sur le point d’apparaître. Et ce lieu en moi m’accompagne partout. C’est mon œil qui vieillit. Et la promesse que si l’on n’y fait rien, un jour, tous les autres lieux seront derrière le flou de celui-là. Masqués, insaisissables. Il pourrait devenir impossible de lire ou d’écrire, englué dans le grisâtre de ce point récemment apparu entre moi et le monde. Il accompagne pour l’heure chacun de mes lectures d’une angoisse palpable. C’est un brouillard qui naît dont l’épaississement lent empoissera le réel.

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