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372 – Aller bien

J’écris dans le Carnet d’écriture où rien ne m’oblige au réel. Ici, ce sont les mots qui prennent le pouvoir et, carnet oblige, une forme de spontanéité.

J’écris dans un univers de fiction où rien ne me contraint que le texte.

Je peux mentir.

Je n’est même pas je. Et il l’est parfois.

Les mots s’en débrouillent comme ils peuvent : ce n’est pas ici que se disent les faits, les vérités ni les opinions. Ici, ce sont des mots.

Du langage.

Le travestissement des émotions.

L’émotion du moment, c’est aller bien. Il aura fallu du temps pour que cette émotion vienne à transpercer la boue, la suie, la poix.

Aller bien, c’est regarder la tempête protégé par une vitre, c’est retrouver l’indifférence, c’est accepter l’absence, c’est aimer sans rien désirer, c’est accepter, c’est renoncer sans souffrir, c’est ne plus avoir peur en sachant l’inéluctable, c’est savoir chacun avec son fardeau sans avoir à le porter, c’est respirer sans le poids des désillusions, c’est parcourir la liste des ignominies, et savoir que le temps se chargera des ignominieux.

Aller bien, c’est ne pas appeler à l’aide, ne pas regretter. Tant pis pour la bêtise, tant pis pour l’inconséquence, tant pis pour l’incompétence. Ceux-là mordront la poussière sans qu’on ait à s’en soucier.

Aller bien, c’est garder au coin du cœur, au chaud, vos prénoms de douceur, vos mains tendues dans la chaleur et posées sur mon épaule avec une légèreté d’oiseau.

Aller bien, c’est tout de même quelques regrets, mais avoir fait tout ce qui était possible.

J’écris ici dans le Carnet d’écriture les pages qui pourraient être contredites demain, et que je relirai en sachant leur sincérité totale. Celle de l’instant et des mots.

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