Il y a la lande de genêts en fleurs, où bataille la lavande pour un peu de soleil entre les cailloux, les rochers gris lichen et de rares arbustes dont on ignore souvent le nom et qui poussent penchés par les bourrasques.
On y devinent des couleuvres aux mues qui laissent ça et là des peaux abandonnées.
Les jours écrasants de soleil, l’odeur sèche prend les poumons, on respire à peine, et partout la roche brasille, abîmant les cornées. Il faut boire à la gourde de peau l’eau claire et fraîche qu’on aura emportée avec soi, prudence oblige. Chaque pas coûte, on transpire. De la langue déjà sèche, on goute au sel de la sueur qui s’évapore.
C’est marcher en plein cagnard, au son des guêpes et des abeilles. Il n’y a plus d’horizon que le pas suivant et d’espoir que d’une tache d’ombre, un arbre isolé, un bosquet, un pan de mur oublié. N’importe quoi.
On y laissera sa peau dans la hâte de se faufiler à l’abri entre deux pierres.
