N’allez pas croire qu’il faille une raison précise : j’ai toujours eu envie de coudre. Simplement, je n’ai jamais sauté le pas. Faute de matériel, faute d’assumer un goût difficile à défendre auprès de mes camarades. La couture, pourtant, a quelque chose de magique. Prenez un carré de tissu informe, plat, et, à force de technique, vous allez créer un volume qui se jouera de la gravité et de la forme des corps. On part d’un rien qui finirait en boule dans un coin d’atelier et l’on obtient la tunique qui donne l’allure, la classe, la prestance. C’est de la magie, de la technique, et de l’inventivité. Ce qu’il faut de recherche pour marier les matières et que tombe pile la manche jusqu’au poignet en prenant la lumière de la plus belle des façons ! Oui, la couture est un art. Pas donné à tout le monde. Alors, si je pouvais faire ma part pour embellir et magnifier le monde.
A chaque fois que Paul-Aurélien voit une réclame de machine à coudre, il pense à sa maman devant sa Singer. Cette machine si noble, belle et altière lui résistait souvent car elle avait son caractère. Combien de fois le fil cassait, combien de fois le tissu partait en biais? Elle devait découdre et recommencer. Elle si calme d’habitude, s’énervait et osait un zut sonore. Découdre le tissus, en découdre avec la Singer. Manier d’un pied rageur la pédale qui commandait la rotation du moteur électrique. Quand le courant est passé du 110 v. au 220 v., papa a dû lui chercher un transformateur. Les temps allaient bientôt changer.