Poèmes naïfs, archéologie

Depuis 11 mois, j’écris une série de poèmes naïfs, directement sur ce site. Des poèmes comme j’en écrivais à l’adolescence, je le sais, mais je n’étais pas retourné y voir. Des poèmes comme il y a 40 ans, comme si rien n’avait changé ? C’est difficile à croire ? Peut-être. Mais voilà que ressort des limbes une planche. Une planche en bois sur laquelle j’ai écrit un poème à 16 ans. Il y a 40 ans, donc. Et si je n’avais pas changé ?

C’était donc le 7 mai 1984. Je pense pouvoir revendiquer une certaine permanence, et, déjà, une vision des relations amoureuses vouées à l’échec. Ces ados qui se sont perdus de vue, que la vie a séparés, qui subissent leur vie d’adultes, qui s’aiment toujours mais ne savent pas que l’autre aussi. Cette façon de passer à côté de sa vie. Une certaine permanence.

J’écris à la main. J’écris en capitales, sans doute pour rester lisible. Je signe et je date.

Emouvant de retomber là-dessus par hasard ? Oui. Forcément. Est-ce que je réécrirais ce texte aujourd’hui ? Pas comme ça, même si « les vagues ont le goût de leurs rires », j’en ferai sans doute quelque chose. Mais pas le verbe aimer, pas comme ça, pas autant. C’est trop. Est-ce que l’adolescent est toujours là ? Peut-être. Peut-être qu’écrire c’est refuser l’âge adulte.

Reste un sidérant effet miroir, un étonnant effet boomerang.

Je n’ai honte ni de ce que j’écrivais alors, ni de la série d’aujourd’hui. Et je suis assez heureux d’avoir, je crois, un peu gagné en rythme sans perdre en révolte ni en émotion.

Peut-être que ça a un côté pitoyable, je ne sais pas. Peut-être pour celles et ceux qui auraient depuis longtemps enterré l’adolescent qui vit dans un coin desséché de leur coeur.

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