Septembre 2024 : nouvelle version de l’Intelligence Artificielle ChatGPT, la o1. Son plus ? une capacité de raisonnement. Cela change beaucoup pour les problèmes mathématiques, pour la génération de code informatique et globalement pour l’analyse de données et la résolution de problème.
J’ai décidé de poser un problème littéraire à l’outil, pour voir de quoi il était capable. Et le problème littéraire que je lui ai proposé est un commentaire composé. J’ai choisi un texte qu’il ne connaissait pas et, surtout, dont aucun commentaire composé n’est disponible en ligne. L’objectif est qu’il commente « lui-même ».
Afin de me rendre compte de ses capacités, j’ai d’abord demandé un commentaire de niveau bac de français, puis un commentaire de niveau Master. Voici, d’abord, le prompt utilisé. Je suis allé au plus simple, pour le laisser se débrouiller, puisqu’il est meilleur si on le laisse trouver lui-même le chemin vers la solution. J’ai cependant structuré un peu les données pour qu’il s’y retrouve facilement.
Peux-tu rédiger un commentaire composé de niveau bac de français du poème suivant ? <Titre> Deux jeunes filles
<texte>Deux jeunes filles
<br>De quatorze et quinze ans
<br>Apprennent
<br>Les premières sorties
<br>Valident
<br>Les tenues réciproques
<br>Se quittent en se serrant dans les bras
<br>Et se disent : on s’appelle
<br>Leurs pères savent les risques
<br>Et l’inéluctable liberté des soirées sur la plage
<br>C’est l’été
<br>Le bord de mer
<br>Et l’éternité qui dure trois semaines
<br>Ou trois heures
<br>Ou trois minutes
<br>Deux jeunes filles
<br>Jouent à faire semblant
<br>De ne pas le savoir
<auteur> Sébastien Bailly
Le commentaire composé niveau bac est arrivé en 16 secondes de réflexion.
Le poème **« Deux jeunes filles »** de **Sébastien Bailly** explore avec délicatesse le passage de l'adolescence à l'âge adulte. À travers le portrait de deux adolescentes de quatorze et quinze ans, l'auteur aborde les thèmes de la découverte, de la liberté naissante et de l'éphémère.
**Problématique** : Comment Sébastien Bailly illustre-t-il la transition adolescente et la perception du temps à travers le regard de ces deux jeunes filles ?
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### I. La découverte de la liberté et de l'indépendance
**A. Les premières expériences**
Le poème s'ouvre sur **« Deux jeunes filles / De quatorze et quinze ans »**, situant immédiatement le lecteur dans l'univers de l'adolescence. **« Apprennent / Les premières sorties »** suggère un processus d'initiation. Ces jeunes filles découvrent les joies et les défis des sorties sans la supervision parentale, symbolisant une étape clé vers l'indépendance.
**B. La complicité et le soutien mutuel**
**« Valident / Les tenues réciproques »** montre une solidarité entre elles. Elles s'entraident, se conseillent, renforçant leur lien d'amitié. Le geste de **« Se quittent en se serrant dans les bras / Et se disent : on s’appelle »** illustre l'affection et la promesse de rester connectées, malgré la séparation momentanée.
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### II. Les préoccupations des adultes face à l'émancipation
**A. La conscience des risques par les pères**
L'évocation de **« Leurs pères savent les risques »** introduit le point de vue des adultes. Les pères sont conscients des dangers potentiels liés à cette nouvelle liberté. Ils perçoivent l'**« inéluctable liberté des soirées sur la plage »** comme une étape nécessaire mais inquiétante, marquée par l'inquiétude pour la sécurité de leurs filles.
**B. Le contraste entre insouciance juvénile et responsabilité parentale**
Cette opposition souligne le fossé générationnel. Les jeunes filles vivent l'instant présent, tandis que les parents anticipent les conséquences. L'auteur met en lumière la dualité entre le désir d'émancipation des adolescentes et la protection offerte par les figures parentales.
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### III. La perception éphémère du temps
**A. L'été et le bord de mer comme métaphores du moment présent**
**« C’est l’été / Le bord de mer »** plante un décor estival, symbole de liberté et d'évasion. L'été représente une parenthèse dans le temps, propice aux expériences nouvelles et à l'exploration de soi.
**B. L'éternité fugace**
L'expression **« Et l’éternité qui dure trois semaines / Ou trois heures / Ou trois minutes »** joue sur le paradoxe du temps. Pour les adolescentes, chaque moment semble éternel, malgré sa brièveté réelle. Cette hyperbole traduit l'intensité des émotions ressenties à cet âge, où le temps est perçu de manière subjective.
**C. Le jeu de faire semblant**
Le poème se conclut avec **« Deux jeunes filles / Jouent à faire semblant / De ne pas le savoir »**. Elles feignent l'insouciance, tout en étant peut-être conscientes de la fugacité de ces instants. Ce jeu souligne la prise de conscience progressive de la réalité, tout en s'accrochant à l'innocence de la jeunesse.
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### **Conclusion**
Sébastien Bailly dépeint avec sensibilité la transition délicate de l'adolescence, marquée par la découverte de la liberté, la complicité amicale et la conscience naissante du temps qui passe. À travers le regard de ces deux jeunes filles, il met en évidence les tensions entre l'insouciance juvénile et les préoccupations des adultes. Le poème capture l'essence de ces moments éphémères, précieux et intenses, qui façonnent l'identité et la mémoire. Il rappelle que l'adolescence est un équilibre fragile entre le désir de grandir et la nostalgie de l'innocence perdue.
La proposition est un peu courte, mais donne à lire un problématique, une analyse du texte… Je laisse les profs de français qui passeraient par là donner une note en commentaire. Disons qu’en tant qu’auteur, je trouve que ce n’est pas mal du tout. Cela manque un peu de technique ? Voyons ce que ChatGPT o1 donne lorsque je lui demande de passer au niveau Master.
Le poème **« Deux jeunes filles »** de **Sébastien Bailly** propose une exploration délicate et profonde de l'adolescence féminine, du passage à l'âge adulte et de la perception subjective du temps. Par une écriture minimaliste et évocatrice, l'auteur dépeint les subtilités des émotions adolescentes, les tensions entre liberté et protection parentale, ainsi que la fugacité des instants vécus.
**Problématique** : Comment Sébastien Bailly, à travers une écriture épurée et symbolique, parvient-il à saisir la complexité du passage à l'âge adulte chez deux adolescentes, tout en interrogeant la notion du temps éphémère ?
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### I. Une écriture minimaliste pour exprimer l'universalité de l'adolescence
**A. La sobriété stylistique au service de l'intensité émotionnelle**
Le poème se caractérise par des vers courts et une syntaxe dépouillée, créant un rythme saccadé qui reflète le tumulte intérieur des adolescentes. L'absence de ponctuation traditionnelle donne une fluidité au texte, permettant une lecture qui épouse le flot des pensées et des émotions.
**B. L'anonymat des personnages comme figure universelle**
Les protagonistes sont simplement désignées comme « deux jeunes filles » âgées de « quatorze et quinze ans », sans nom ni description physique. Cet anonymat les élève au rang d'archétypes, représentant toutes les jeunes filles à ce stade de la vie, ce qui confère au poème une portée universelle.
**C. L'utilisation d'actions simples pour dépeindre des rites initiatiques**
Les actions décrites—« apprennent les premières sorties », « valident les tenues réciproques »—sont des gestes du quotidien qui, sous la plume de l'auteur, deviennent des symboles des premiers pas vers l'indépendance et la construction de l'identité.
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### II. La dualité entre quête de liberté et conscience des contraintes
**A. La complicité féminine face au monde extérieur**
La validation des « tenues réciproques » et le fait de « se serrer dans les bras » illustrent une solidarité et un soutien mutuel indispensables pour affronter les nouvelles expériences. Cette complicité est un refuge face aux incertitudes de l'adolescence.
**B. L'omniprésence de la figure paternelle et des préoccupations adultes**
La mention des « pères [qui] savent les risques » introduit la perspective adulte, consciente des dangers potentiels. Ils représentent les contraintes et les limites imposées, en tension avec le désir de liberté des jeunes filles.
**C. La conscience implicite des risques par les adolescentes**
En « jouant à faire semblant de ne pas le savoir », les jeunes filles montrent qu'elles sont, au fond, conscientes des dangers et des conséquences. Cette attitude révèle une maturité naissante et une prise de conscience de la complexité du monde adulte.
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### III. La temporalité éphémère et la quête d'éternité
**A. L'été et le bord de mer comme symboles de l'instant présent**
Le cadre spatio-temporel—« c'est l'été », « le bord de mer »—évoque un espace-temps hors du quotidien, propice aux expériences intenses et à la sensation de liberté. L'été est souvent associé à une période de transition et de transformation.
**B. La relativité du temps vécu à l'adolescence**
L'expression « l'éternité qui dure trois semaines / ou trois heures / ou trois minutes » souligne la perception subjective du temps. À cet âge, les émotions sont si intenses que chaque moment peut sembler infiniment long ou désespérément court.
**C. Le jeu du déni face à la finitude**
En « jouant à faire semblant de ne pas le savoir », les adolescentes tentent de nier la fugacité de ces instants précieux. Ce déni est une manière de prolonger l'insouciance et de repousser la confrontation avec les réalités de l'âge adulte.
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### **Conclusion**
Sébastien Bailly, par une écriture épurée et symbolique, réussit à capturer l'essence de l'adolescence féminine et du passage à l'âge adulte. Le poème « Deux jeunes filles » explore avec finesse les thèmes de la complicité, de la quête de liberté et de la perception éphémère du temps. Les protagonistes anonymes deviennent le miroir des expériences universelles liées à cette période de la vie. L'auteur met en lumière la dualité entre le désir d'émancipation et la conscience des risques, tout en soulignant la complexité des émotions ressenties. Ce poème invite le lecteur à réfléchir sur la nature transitoire de l'adolescence, sur les rites de passage et sur la manière dont ces expériences façonnent l'identité. En définitive, Sébastien Bailly offre une œuvre qui, par sa simplicité apparente, dévoile une profondeur riche en significations, témoignant de la puissance de la poésie contemporaine pour exprimer les nuances de l'expérience humaine.
Nous avons un peu plus d’analyse stylistique, ce qui est plutôt une bonne chose. Est-ce qu’on pouvait attendre cette analyse dans la copie du bac de français ? Je ne sais pas, mais ça dit surtout de quoi l’IA est capable.
Je lui ai ensuite demandée d’ajouter des références à des auteurs et à l’histoire littéraire, c’est un peu plus « aléatoire ». Voici un exemple de paragraphe :
La solidarité entre les deux jeunes filles rappelle les thèmes explorés par Simone de Beauvoir dans "Le Deuxième Sexe", où la sororité est présentée comme une force face aux structures patriarcales. Cette complicité est également présente dans les romans d'Annie Ernaux, qui dépeint avec acuité les relations entre femmes et les défis de l'émancipation.
Attention, il fait également références à Kafka, Delerm, Ronsard… A chaque fois sur des points précis du texte, mais sans que cela soit forcément la meilleure idée qui soit.
Alors, oui, ces commentaires composés sont un peu courts. Mais, après mon expérience sur la correction des copies avec ChatGPT, j’ai l’impression que l’usage de l’IA par les enseignants comme par les étudiants n’a pas fini de nous surprendre.