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104 – Les étincelles

J’ai laissé les émotions
Tout envahir
Champs d’herbes folles
Nuit noire
Rouleaux d’embruns
D’écume

Tonneaux et sortie de route

Plus rien ne la tenait
La route

Pas moi

Confiance absolue
En toi
Confiance retrouvée
Dans les autres

J’ai cru tout possible
J’ai cru l’humanité

Oubliées les années de prudence
De réticence
De distance savamment cultivée

D’indifférence

J’ai cru qu’on m’entendait
Même qu’on m’écoutait

C’était un mirage, et je l’ai dépassé
Un mirage, qui s’est évaporé
Un mirage, et après ?

J’ai laissé les sentiments
Sur le bord de la route

J’ai tout laissé

Tout

Rien qui survive aux mirages
Rien qui survive aux illusions

Mais

J’y ai puisé des poèmes
J’y ai puisé la lumière
J’y ai puisé les étincelles

Elles n’existaient pas les étincelles
Disons qu’elles avaient disparu

Depuis longtemps

Il a suffi que j’y crois
Elles étaient là

J’ai laissé le pouvoir aux émotions
Je ne regrette pas
J’ai des étincelles au bout des doigts et ça fait des poèmes
Et ça fait de la lumière
Et ça réchauffe un peu l’hiver

Le regret c’est l’humanité que j’avais espérée
Le regret c’est l’humanité que je n’ai pas trouvée
Le regret c’est le visage de l’autre
Pure façade de sourire
Pure convenance

Qui ne résiste à rien

Se dévoile ce qui n’avait jamais été caché
Le crâne et les dents qui claquent derrière les mots polis
Le crâne et les dents de tout un chacun
Le squelette raide et froid
L’inanimé

Mais les étincelles

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