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Chaque mois, cinq idées pour améliorer votre créativité éditoriale

Journal- 18

23/2/22

Lancé depuis quelque jour Le Catalogue 2022 sur TikTok. A priori, pas vraiment dans le modèle de ce réseau social, mais curiosité : je n’ai pas de communauté préexistante, là, je ne connais personne, c’est un peu comme entrer dans un bar au hasard et essayer de déclamer un texte au milieu du brouhaha. Peu de chances que les conversations s’arrêtent. Faut pas non plus se surestimer… Pas de miracle avec les quatre première vidéos publiées même si les statistiques sont supérieures à celles des autres diffuseurs (Instagram, Youtube). Je vais continuer un peu, voir si ça mord… On ne sait jamais. Et puis surtout, c’est l’occasion de regarder d’un peu plus près comment ça fonctionne.

24/2/22

Hier soir, table ronde dans le cadre, finissant, de l’année Flaubert. A l’invitation du Club de la presse et de la communication de Normandie, ça se pose la question des écrivains normands aujourd’hui. Est-ce que ça veut dire quelque chose écrivain normand ? Julie Douard dit que non, et qu’il n’y a pas de noms de lieux dans ses livres, et qu’un village ou une cité HLM dans un de ses romans peut aussi bien être normand que n’importe où en France. Une visée de l’universel, en quelque sort. Et Céline Servais-Picord dit comment la Normandie est là, dans son premier roman. Mais je comprends que c’est un décor, peut-être un personnage. Ce n’est pas être de Normandie. Du public je rappelle l’oxymore vide de Léopold Sédar-Sengor qui définit la “normandité” comme un “lyrisme lucide”. C’est dans mon travail sur la poésie normande (il y a trente ans, une année à travailler là-dessus) que j’ai souligné la vacuité du concept, un oxymore dans lequel on peut faire rentrer n’importe quoi qui soit quelque part entre le lyrisme et la lucidité. C’est-à-dire tout le monde. Bien pratique, mais creux.

25/2/22

Changer d’emploi ne devrait pas avoir d’influence sur ce journal. Parler toujours ici d’écriture et de lecture et qu’importe ce que je fais d’autre de mes journées. Compartimenter ce qui serait une vie personnelle d’une part et une vie en société de l’autre. Quand le professionnel réclame plus d’énergie, d’attention, d’engagement, nécessité de renforcer la digue. Je ne vois pas d’autre moyen que sanctifier plus encore les moments consacrés à l’écriture, à la lecture. Là, le monde extérieur doit rester à la porte. Comprendre la nécessité pour certains du bureau où l’on s’enferme comme à l’abri du monde pour faire ce qu’on a à faire. La nécessité du lieu comme du moment.

26/2/22

Traversée du paysage avec Les Chemins noirs, de Sylvain Tesson. J’avais toujours contourné ses livres. Celui-là comme un écho aux zones blanches explorées en ville par Philippe Vasset (Un Livre blanc, Fayard). Je ne suis pas le premier à voir cet écho, souligné par l’opposition des couleurs dans les titres. On est dans les marges, hors du monde officiel, au-delà des décors évident : la littérature va voir derrière, où sont les ruines et les chemins oubliés. Je lis sur mon téléphone, par bribes, au temps volé, la marche folle d’un homme brisé. Le livre a beaucoup plu, je crois, trouvé son public. Peut-être parce qu’il dit la nostalgie d’un monde qui n’est plus (et c’est une différence, il me semble avec Un Livre blanc). Je m’y attendais à des descriptions, j’y assiste à un texte d’un autre ordre, où le paysage semble ne jamais se figer, toujours porté par le mouvement du narrateur, et son monologue intérieur.

27/2/22

Le bruit des canons, les cris des femmes et des enfants. Poursuivre le travail d’écriture malgré les crissements du monde qui s’écroule.

28/2/22

Eugénie Grandet, féministe et indépendante devant la caméra de Marc Dugain. Une adaptation de Balzac libérée. Le père, rongé par son avarice, la fille, qui s’échappe de la cage pour de bon cette fois, faisant fi des convenances. Oh, elle est moderne cette Eugénie-là ! Se dire que non, sous la plume d’un écrivain du XIXe, ça ne tient pas. Et trouver que dans les décors de l’époque, dans la lumière maîtrisée de chaque plan, ce n’est pas toujours crédible non plus. Le film est beau, mais ça coince un peu l’émancipation d’Eugénie. Je n’y crois pas. Je n’y ai pas cru.

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