Festival de zeugmes chez Dumas

Jolie série de zeugme dans trois paragraphes d'Alexandre Dumas tirés du chapitre 22 du Vicomte de Bragelonne, d'Alexandre Dumas. D'Artagnan intervient au milieu d'une mélée opposant mousquetaires et matelots, à l'hôtellerie du Grand Monarque. Les zeugmes sont en gras :

Le sol était donc jonché de blessés et la salle pleine de cris et de poussière, lorsque d’Artagnan, satisfait de l’épreuve, s’avança l’épée à la main, et, frappant du pommeau tout ce qu’il rencontra de têtes dressées, il poussa un vigoureux holà ! qui mit à l’instant même fin à la lutte. Il se fit un grand refoulement du centre à la circonférence, de sorte que d’Artagnan se trouva isolé et dominateur.

— Qu’est-ce que c’est ? demanda-t-il ensuite à l’assemblée, avec le ton majestueux de Neptune prononçant le quos ego…

À l’instant même et au premier accent de cette voix, pour continuer la métaphore virgilienne, les recrues de M. d’Artagnan, reconnaissant chacun isolément son souverain seigneur, rengainèrent à la fois et leurs colères, et leurs battements de planche, et leurs coups de tréteau. De leur côté, les matelots, voyant cette longue épée nue, cet air martial et ce bras agile qui venaient au secours de leurs ennemis dans la personne d’un homme qui paraissait habitué au commandement, de leur côté, les matelots ramassèrent leurs blessés et leurs cruchons. Les Parisiens s’essuyèrent le front et tirèrent leur révérence au chef.

Un peu plus haut dans le chapitre, Dumas décrit un matelot "à moitié ivre de colère et tout à fait de bière", joli également.

Une telle densité de zeugmes est assez rare pour mériter d'être signalée.

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