J’ai pensé que

J'ai pensé que prenant tout à l'envers, on n'en prenait pas moins les choses dans l'ordre, ce qui est assez renversant.

J'ai pensé que si on avait du mal à retrouver les gens qui se mettaient au vert, c'est qu'ils restaient dans le flou. De quel vert parlaient-ils ? Céladon, gazon, malachite, pistache, perroquet, opaline ? Vert pomme ou épinard ? Kaki, jade, turquoise ou impérial ?

J'ai pensé que le plus simple était tout de même de ne rien faire, et d'arrêter immédiatement tout ce qui était en cours, interrompre au plus vite ce qui commençait et remettre à beaucoup plus tard ce qui était prévu.

J'ai pensé que le mandarin arrivé à pied par la chine vaut bien la mandarine arrivée happée par le chien.

J'ai pensé que si, la décision prise, il convenait de passer à l'action, parfois, l'action accomplie, il fallait prendre une décision, et que tout cela rendait la vie à la fois compliquée et complexe, inattendue et intéressante.

J'ai pensé que les poissons tout ouïes et muets faisent preuve d'un sens certain de l'ironie.

J'ai pensé que l'on devrait écrire un dictionnaire des verbes qui ne se conjuguent pas à tous les temps.

J'ai pensé que célébrer, se souvenir, commémorer, fêter, rappeler étaient là pour quelque chose. Verbes de la mémoire qui ne flanche pas. Malgré l'âge.

J'ai pensé que le marathonien, à un moment de la course, vers la fin du premier quart, peu ou prou, se dit qu'il n'y arrivera peut-être pas, et puis, passé la moitié, que si il a pu le faire une fois, il le pourra deux.

J'ai pensé que, sans "j'ai pensé que", il y a plein de choses auxquelles je n'aurais jamais pensé. Celle-là, par exemple.