J’ai pensé que

J'ai pensé que pâmoison n'est pas moisson.

J'ai pensé que l'homme au gros pull roulé tricoté main à demi endormi dans le wagon surchauffé souffrait peut-être des portes-ouvertes enfoncées à grands coups de poncifs par les deux braillards en chemisettes assorties de la rangée du fond.

J'ai pensé que certains "j'ai pensé que", pas assez vite notés, disparaissaient à jamais.

J'ai pensé que je ne ploierai jamais sous l'emploi.

J'ai pensé que mieux valait une pluie de grenouilles sur l'Egypte qu'un nuage radioactif au Japon.

J"ai pensé que peu de nombres, comme celui-là, étaient reliés à des événements, mais quand on dit 81, un seul sujet d'élection.

J'ai pensé que, après le trois, il a bien fallu que le quatre vînt.

J'ai pensé que trop peu de poètes avaient su faire rimer ontologie avec odontologie, et que celui qui, un jour, composera un ode à l'ontologie aura peut-être une dent contre elle mais trouverait sa place dans les anthologies.

J'ai pensé que le printemps commençait tôt cette année plus souvent que l'hiver n'en finissait pas.

J'ai pensé que nulle part il n'était mentionné où l'on devait la mettre après qu'on ait consciencieusement pris la file comme on nous le demandait.