J’ai pensé que

J'ai pensé que, l'adorée, l'amie mirée, s'y mit  facile à dorer : récif à cirer.

J'ai pensé que l'on était toujours l'idiot de quelqu'un d'autre, et souvent même de soi-même.

J'ai pensé que c'était un con et que, même si cela pouvait sembler réducteur, ça avait le mérite de clarifier la situation.

J'ai pensé que c'était l'histoire d'un mec amoureux de sa mobylette mais que leur amour était impossible : elle aimait une clé à molette qui était d'une jalousie terrible, horrible, et que ce n'était pas étonnant si ça n'avait pas plu, parce qu'on peut aimer sur certaines chansons… pas toutes.

J'ai pensé que choisir un sujet, n'importe lequel, et voir un peu ce qu'avec la langue on pouvait lui faire subir, c'était écrire.

J'ai pensé que dix rats passant des sous pour souder sans paradis : queue s'épend jet.

J'ai pensé que si l'on additionnait toutes les probabilités de courir à la catastrophe, on arrivait sans doute à plus de 100 % d'opportunités qu'un malheur arrive : combien de risques d'avoir un accident de voiture, de train, d'avion, de vélo, de perceuse, de tondeuse, de sèche-cheveux, de balançoire, d'attraper une varicelle foudroyante, de développer

J'ai pensé que les étables étaient pleines de brebis et d'agneaux, que c'était un fameux trois mats, et que l'on ignorait ce qu'était devenu ce gentil fiancé qu'on n'a jamais revu…

J'ai pensé que le mois d'avril était celui des rouleaux de printemps bien mûrs, l'été plutôt la saison des rouleaux de l'Atlantique, l'automne celui des compresseurs, et l'hiver, celui du bout du.

J'ai pensé que le plus sûr était de s'attendre à tout, sachant absolument que c'est autre chose qui ne manquerait pas de se produire.