Tu opposes à toute tentative de dialogue ton droit au silence, et l’impossibilité totale de comprendre ni d’interpréter ; c’est pour l’autre comme ne plus exister : la pire sensation qui soit, la plus blessante, la plus injuste, la plus déstabilisante aussi et c’est se battre contre moulins à vent, brouillard et courant d’air que d’essayer, encore et encore, par tous les moyens disponibles, de renouer le dialogue alors qu’il n’y a plus de lien à portée de main. Et continuer à s’agiter jusqu’à la fatigue, l’ultime fatigue, reportant toujours à plus tard la renonciation. Tendre mille fois la main, murmurer, appeler, hurler, trouver des moyens inédits de signaler sa présence et n’entendre même pas d’écho, toutes les tentatives, des plus subtiles aux plus directes, des plus franches aux plus grossières, vouées successivement à l’échec, à l’aridité, à l’indifférence. Tu n’avais que le mot réconciliation à la bouche avant, au début, quand tu m’entendais encore, quand nous nous entendions. Dans tes murs de silence, inexpressive et froide, tu ne m’accordes plus rien et, petit à petit pétrifié, je finirai annihilé, néant, obligé de renaître ailleurs dans un éclat tel que tu devras te souvenir qu’un jour, tu as laissé tomber sur moi un éteignoir, en vain. Je ne me serai pas laissé étouffer.