59 – Mais ça va

La douche, tu le découvres assez vite, est l’endroit idéal pour pleurer, sangloter, chialer. Tu n’as pas à y retenir tes hoquets, tu peux totalement te laisser aller. Les larmes, même abondantes, sont aussitôt dissoutes. Leur sel n’atteint jamais tes lèvres. Les râles sont masqués par les trombes d’eau en cascade. La douleur immédiatement noyée. Nettoyée. Karcherisée.

Tu peux, sans attirer outre mesure l’attention, rester là le temps de laisser passer la crise et reprendre ton souffle. Et même si tu jures, même si tu tapes du poing sur la faïence, il n’y a pas de témoin pour observer tes défaillances.

Les yeux rougis : tu diras que c’est par le savon que tu n’as pas maîtrisé, le gel douche qui a débordé, le shampoing qui a ruisselé. Longtemps que tu n’utilises plus le « ne pique pas les yeux » réservé aux nourrissons. Tu n’es plus un bébé. Mais tu pleures comme.

Tu n’as jamais été aussi propre.

Rincé de l’intérieur.

Mais ça va. Un coup de serviette éponge, et ça va.

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