Correspondance sans correspondante. Lettres en poste restante. Missive to miss. Je ne sais pas si c’est une nouvelle série. Mais je t’écris. Peut-être que tu te reconnaîtras, si tu existes ailleurs que dans ces lettres.
Tu,
Je t’écris, comme tu le vois, encore. Je t’ai déjà tout dit, pourtant. Et tu ne réponds plus depuis longtemps. Ton silence, vois-tu, est encore une présence. Ta façon d’être là, comme d’autres tonitruent, indéboulonnables et gesticulants. Toi, c’est le silence et l’invisible.
Oh, ça n’empêche rien, tu sais. L’impalpable, l’indéchiffrable, l’inaccessible : c’est déjà quelque chose de fort. L’indifférence serait tellement plus lourde à supporter. Mais que tu prennes soin à ce point de ne pas paraître, voilà qui dit l’importance de ce qui nous réunit.
Si nous nous croisons comme deux connaissances qui se disent le temps qu’il fait et celui qui passe, cela me désespérerait totalement. Jamais je ne m’en remettrais.
Prenons soin que tout s’efface, creusons un fossé si large et si profond que nous ne pourront jamais le franchir, et nous saurons tous deux qu’il n’est là que pour nous, preuve tangible de l’intensité des déflagrations.
D’aucuns viraient l’absence comme un châtiment. C’est une bénédiction. Un tourment qui te rend présente à chaque instant n’en est pas vraiment un. Tu es là, puisque je pense à toi.
On me prend pour un fou ? J’aurais perdu la tête ? C’est mon cœur qui s’égare et ma respiration qui s’enlise. J’ai tout ma raison. J’ai toutes mes raisons. Tu es là. Je ne t’ai pas perdue et ne te perdrais jamais.
Comment pourrais-je ?
Tu es là. Tu n’as jamais été aussi présente ni jamais aussi proche. N’ai pas peur. Ainsi, il ne peut rien t’arriver.
S.
