L’improbable n’est jamais à exclure. Mon oncle a donné mon nom à son chien. Un chien à truffe humide et queue agitée de bonheur. Un clebs à poil ras, un peu miteux, mais joueur. Un chien bientôt tétraplégique et incontinent, donc moins drôle. Le chien a fini par mourir, mais pendant mon enfance, lorsqu’on s’en prenait à Virgile, au fil des repas de famille, je ne savais jamais si l’on s’adressait à lui, ou à moi. Mais c’est lui qui aimait le houmous au point de chaparder tous les pots qui trainaient sur les tables basses. Pas moi, quoi qu’on en dise. Et j’ai toujours horreur de ça. Quelle influence la confusion entre le chien et moi a bien pu avoir sur ma personnalité ? Allez savoir. Personne ne s’étonne que je n’ai jamais voulu d’animal de compagnie. Le dernier chien de mon oncle s’appelle Ulysse. Comme mon fils.