Le bonheur tient dans une assiette de bulots moelleux, délicatement poivrés et trempés un à un dans une mayonnaise montée à la fourchette. C’est ce que je te servirai à notre premier rendez-vous, et nous n’irons pas beaucoup plus loin si tu marques une moue de dégoût. Le bulot sépare l’humanité en deux groupes distincts dont l’un me semble fréquentable et l’autre pas. Et ne va pas te forcer, tes hauts-le-cœur te trahiront : pas moyen d’avaler ça si tu fais partie de la mauvaise moitié de la population. Rien qu’au coup de poignet nécessaire à sortir le gastéropode de sa coquille, je saurai si tu triches. Et ne va pas me dire que tu préfères les crevettes grises, ni même le bigorneau. Je ne tolère aucune manœuvre de contournement. Tu es du camp des bulots, ou non. Il n’y a pas de compromis possible. Il en va de notre premier baiser.