J’ai trois ans, et c’est joli, émouvant, compréhensible. Je singe mes parents. Je passe le balai, les pieds dans les escarpins trop grands, la tête dans la casquette qui me cache les yeux. C’est un imitant que l’on grandit. Je regarde et je tente de reproduire les gestes. Je ramasse les miettes avec le plus grand sérieux et je repasse mon vieux doudou avec application. Comme ça que je grandis, et je deviens autant que possible ce père que j’admire, et dont, au fond, j’aimerais prendre la place, cette mère que j’adore et dont j’ignore qu’elle ne supporte plus d’être la seule, depuis toujours, à remarquer la poussière des étagères. Je veux un aspirateur avec un vrai moteur. Lorsque j’aurai quinze ans, on me reparlera de cette époque : tu adorais le ménage. Peut-être, mais je ne bougerai plus de mon lit.