Un métier honnête

" C’est bien ainsi, c’est la raison pour laquelle je suis écrivain (et non professeur ou prédicateur). La feuille blanche incriminée, l’épouvantail des écrivains, ne m’a jamais épouvanté. La feuille quotidienne, là, sur le bureau matinal, ça oui, bien sûr, il vaut mieux courir que tenir, mais le fait que je suis écrivain ne m’a jamais causé de souci. Ce qui veut dire à cette date que je n’ai pas de remords d’intellectuel, je ne pense pas que je pourrais, comme on dit, exercer plutôt un métier honnête, mieux, je pense que j’exerce un métier fort honnête (en principe, ce n’est pas un éloge : si un écrivain travaille honnêtement, il n’en découle encore rien ; c’est en ceci qu’il diffère du maçon, en beaucoup d’autres choses par contre ils se ressemblent) – et cela signifiait au départ que je n’avais jamais éprouvé la nécessité intérieure ou extérieure de le prouver. On va encore nuancer ça. "

Peter Esterhazy, Aux gens du livre, essais et discours, Editions Exils

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