Journal -32

15/11/22
Y aurait-il quoi que ce soit que personne d’autre que moi n’aurait remarqué ? La prétention qu’il faudrait. La singularité que cela poserait. Ce serait ton sourire, une tristesse en brume dans ton regard, un tremblement du coin de tes lèvres, un pétillement subtil, un éclat, un frémissement, le battement trop rapide d’un cil, un froncement, le déplacement vif de ta main. Et je saurais l’agacement ou la joie.Cette singularité, nous la partagerions.

16/11/22
elle a devant l’oreille, plaquée à la naissance de sa joue, une petite mèche dégradée de ses cheveux châtains, comme une coquetterie | la main gourde, rêche, la poignée franche et amicale, les yeux dans les yeux de celui de la terre qui vous dit son respect et son affection dans un sourire | le demi réveil encore lourd de rêves de celle qui s’appuie contre vous pour vous signifier sa présence inconditionnelle avant même les premiers mots du jour

17/11/22
Je rechigne aujourd’hui : je devrais dans le carnet d’écrivain collectionner les noms propres. Les prendre dans les rues où je les croise, chez mes voisins de bureau, dans u livre même et lister ici les noms trouvés comme des pépites. Le carnet du chasseur de noms propres qui déciderait ensuite, fort de ces sources d’inspiration, du nom de ses personnages. Car il faudrait nommer les personnages comme on nomme toutes les autres choses. Je ne veux pas. 

18/11/22

Ne pas m’attarder sur moi-même.

19/11/22
Pendant que j’écris, je pense à mes doigts qui frappent les touches et m’aperçois que j’en utilise neuf et que si me manquait le petit doigt de la main droite, cela ne changerait rien à ma vitesse de frappe. L’auriculaire de gauche sert pour les majuscules. Pendant que j’écris, je ne pense généralement pas à mes doigts, que je ne regarde jamais qu’au démarrage de l’écriture, pour positionner les mains juste comme cela me convient, puis j’ai l’œil rivé sur l’écran, et je me souviens lorsque j’y pense que je tape sur un clavier depuis près de 45 ans, et que ceci explique sans doute cela.

20/11/22
En cours élémentaire, le cahier de poésie où l’on recopiait les poèmes de Prévert ou Carême, peut-être Apollinaire et Verhaeren, et Desnos. Et sur la page en vis-à-vis, le dessin libre qu’on traçait au crayon de couleur. Très vite un second cahier, privé, avec mes propres textes à la place des leurs. Mes poèmes illustrés comme la maîtresse nous disait pour les autres. J’avais sept ou huit ans, et j’écrivais mes premiers textes comme je lisais la poésie. Et ce qui devait arriver arriva.

21/11/22
Il y aurait, précédent le texte, à l’origine du brouillon, autre chose posé sur la page et que personne jamais ne verrait, mais qui donnerait la structure et servirait de fondation à ce que, finalement, on pourrait lire. Sur la page, ou dans un carnet, ou dans la tête de l’auteur. Mais pas toujours. Parfois rien, de l’écriture, et puis un texte sans rature que l’auteur n’aurait pas vu venir. C’est possible aussi.

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