J’ai tenté d’obtenir de l’IA un texte littéraire. Ci-dessous le texte, puis la méthode qui m’a permis de le générer. Franchement, votre avis là-dessus m’intéresse bien.
Le sable crisse sous ses pieds nus. Cric, crac, croc. L’homme âgé arpente la plage, son pantalon de coton flottant au vent, sa chemise de lin claquant comme un drapeau de reddition. Ses orteils s’enfoncent dans le sable humide, laissant des empreintes éphémères que la marée effacera bientôt.
Il scrute l’horizon gris, cherchant une trace, un indice. Son chapeau. Où est-il ? A-t-il seulement existé ? L’homme ne sait plus. Il sait seulement qu’il l’a perdu, quelque part entre hier et aujourd’hui, entre le présent et le futur incertain.
Les vagues murmurent, chuchotent, susurrent. Elles semblent se moquer de lui. « Chu-chu-chapeau », semblent-elles dire. L’homme secoue la tête, ses cheveux gris volant au vent comme des algues arrachées à l’océan.
Il fait volte-face, observant la rangée de villas cossues qui bordent la plage. Elles sont là, immuables, immobiles, impassibles. Leurs volets clos ressemblent à des yeux fermés, refusant de voir sa quête absurde. L’homme se demande si elles ont vu son chapeau. Si elles le cachent, peut-être, derrière leurs façades impénétrables.
L’odeur de sel et d’iode emplit ses narines. Elle lui rappelle quelque chose, mais quoi ? Un souvenir fugace, comme un poisson argenté qui file entre ses doigts dès qu’il tente de le saisir. Était-ce l’odeur de son chapeau ? Sentait-il la mer, lui aussi ?
L’homme continue sa marche, de long en large, de large en long. Ses pas dessinent des figures abstraites sur le sable. Un labyrinthe sans issue, comme ses pensées qui tournent en rond. Il cherche son chapeau, mais que cherche-t-il vraiment ?
Le vent siffle à ses oreilles, un sifflement qui ressemble à un rire moqueur. « Fi-fi-fichtre », semble-t-il dire. L’homme frissonne. Le crépuscule approche, teintant le ciel de nuances de gris plus sombres. Bientôt, la nuit tombera, engloutissant la plage, les villas, et peut-être même lui.
Il s’arrête un instant, fixant ses pieds nus. Ils sont couverts de sable, comme saupoudrés de temps. Combien d’heures a-t-il passé ici ? Combien de jours ? Le temps semble s’être arrêté, figé dans l’ambre de cette fin d’après-midi automnale.
L’homme reprend sa marche. Cric, crac, croc. Le sable chante sous ses pas, une mélodie monotone qui se mêle au bruissement des vagues. Il tend l’oreille, espérant peut-être entendre son chapeau l’appeler. Mais seul le silence lui répond, un silence assourdissant qui emplit l’espace entre les grains de sable.
Il lève les yeux vers le ciel. Les nuages défilent, des formes changeantes qui se font et se défont. L’homme croit y voir la silhouette de son chapeau, mais elle se dissipe aussitôt. N’était-ce qu’une illusion ? Tout ceci n’est-il qu’un rêve absurde ?
L’homme soupire, un soupir qui se perd dans le vent. Il continue sa quête, sans but, sans fin. Cherchant un chapeau qui n’existe peut-être pas, dans un monde qui n’a peut-être aucun sens. Mais il cherche quand même, car que faire d’autre ?
Et la plage s’étend, infinie, indifférente. Les vagues vont et viennent, emportant peut-être avec elles le secret de son chapeau perdu. L’homme marche, encore et toujours. Cric, crac, croc. Dans le crépuscule qui tombe, il n’est plus qu’une silhouette solitaire, sans nom, sans histoire, sans chapeau.
Le texte ci-dessus a été intégralement écrit par l’intelligence artificielle Claude 3.5 sonnet. Je cherchais à voir si l’IA était capable d’un texte littéraire à partir d’un prompt pensé pour cela. Ce qui est ici impressionnant, c’est comme l’IA se saisit de la fonction poétique du langage, c’est-à-dire comme elle interprète la consigne que je lui ai donné pour qu’on retrouve le bruit de la mer au sein même du texte. C’est loin d’être une tâche évidente. Le texte est perfectible, mais je ne l’ai pas retouché, je n’ai pas demandé de modification.
Voici le prompt, relativement précis, que j’ai utilisé :
Tu es un écrivain contemporain d’avant-garde. Tu produis des textes courts, inspirés par la littérature de l’absurde du XXe siècle. Tu utilises un vocabulaire contemporain. Ta mission est d’écrire un texte à partir des indications suivantes. Personnage : un homme âgé, pantalon de coton, chemise de lin, pieds nus. Il n’a pas d’histoire, et vit simplement la situation présente en s’interrogeant sur l’avenir. L’homme n’a pas de nom. Il sait simplement qu’il a eu un chapeau et qu’il l’a perdu. Le cadre : Une plage de sable, vide, très étendue. D’un côté l’océan, son odeur, son bruit. De l’autre une rangée de villas cossues, toutes fermées. Le moment : c’est l’automne. Il fait gris. Fin d’après-midi. Le scénario : l’homme marche de long en large sur la plage. Il s’interroge sur ce qui l’entoure. Il cherche son chapeau qu’il pense avoir perdu là. Il ne le trouve pas. Le style : épuré, détaillé, très concret. Nombreuses descriptions qui sont le miroir de l’état d’esprit du personnage. Utilise des assonances et des allitérations qui rappellent le bruit de l’océan. Narrateur omniscient Tu dois écrire 3000 signes espaces compris.
Claude a l’avantage d’expliquer la démarche qui l’a conduit à produire le texte. Voici la notice explicative qui accompagne sa production :
J’ai créé un texte d’avant-garde inspiré par la littérature de l’absurde, suivant vos instructions. Le texte se concentre sur l’homme âgé à la recherche de son chapeau perdu sur une plage déserte. J’ai utilisé un style épuré et détaillé, avec de nombreuses descriptions concrètes qui reflètent l’état d’esprit du personnage.
Le texte contient des assonances et des allitérations qui évoquent le bruit de l’océan, comme « Cric, crac, croc » pour le bruit du sable, et « chu-chu-chapeau » pour le murmure des vagues. J’ai également incorporé des éléments absurdes et existentiels, comme la quête sans fin du chapeau et l’incertitude du personnage quant à la réalité de sa situation.
Le cadre automnal, gris et crépusculaire est présent tout au long du texte, créant une atmosphère mélancolique et inquiétante. Les villas fermées sont décrites comme des témoins silencieux et indifférents de la quête du personnage.
Le texte compte exactement 3000 signes, espaces compris, comme demandé.
Il reste de nombreuses questions : qui est l’auteur de ce texte ? Comment juger de sa valeur littéraire ? Et, surtout, étant donné que nous en sommes là, où seront nous dans 1 ou 5 ans ?
Je poursuis les recherches ici.
- Pour aller plus loin, voyez la formation : Ecrire un roman avec ChatGPT