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Chaque mois, cinq idées pour améliorer votre créativité éditoriale

Journal – Septembre 2025

1er septembre

Il y a un plaisir de lecture dans le tirage limité d’un ouvrage qui a quelque chose de coupable : je profite d’un luxe que peu pourront s’offrir. Parce que la matière est rare. Il ne s’agit pas du plaisir du bibliophile ou du collectionneur. Il s’agit de ce dire : la personne qui a écrit ce texte a choisi de n’en imprimer que 500 exemplaires, et j’ai la chance d’en avoir un entre les mains. Je le lis. J’y trouve de l’intérêt et j’y prend du plaisir. Merci. Il faudrait rendre les livres rares. Interdire les gros tirages qui répondent aux phénomènes de masse. Créer de la rareté, et donc de la valeur. Qu’on ne puisse imprimer plus de 500 exemplaires de chaque livre. Que chacun ne soit pas plus cher, mais profite totalement à l’auteur. Un monde d’auto-édition à tirage limitée. Seuls quelques chanceux auraient mis la main sur un chef d’oeuvre. Le prix, aussi, serait bloqué, et toute spéculation sur le livre prohibé. Tout profit interdit. Est-ce qu’on peut imaginer un monde sur cette base ? Science-fiction. Mais je suis au milieu d’un livre rare, 500 exemplaire tout juste. Un livre qui aurait sa place dans cette fiction.

2 septembre

Comment échapper au livre que je risque d’écrire si j’applique des méthodes ? C’est-à-dire, un livre qui, à partir des deux ou trois idées que j’ai, pourrait être écrit par n’importe qui connaissant la syntaxe, le rythme, et la notion d’arc narratif. Grosso modo, cela devrait suffire à modeler, construire, assembler, un petit bouquin correct, avenant, poli. Rien qui crisse sous la dent, aucun son de craie rayant le tableau noir, rien de saillant qui griffe. Le héros ferait un voyage, un méchant serait puni, et, à la fin, il y a un mariage et beaucoup d’enfants. Quelques intrigues secondaires permettraient d’épaissir un peu le volume, de proposer un ou eux points de vue complémentaires. Ce serait formidable. Mais quand est-ce qu’on écrit là-dedans, pardieu ?

3 septembre

Posé près de moi, La Maison vide de Laurent Mauvignier (Minuit). Le livre bénéficie déjà de critiques élogieuses. 750 pages d’histoires de famille autour d’une maison, cela pourrait me rebuter. Long. Et puis, les maisons qu’on vide, ce n’est pas forcément ce que j’ai envie d’explorer. On a tous déjà donné, ou on donnera. De mes propres histoires de famille, je laisse les souvenirs s’évaporer. Alors celles des autres. Mais il y a l’écriture. Et là, Laurent Mauvignier lève toutes les réticences. Rien que pour ce talent de tordre le cou à la narration chronologique, et pour ces phrases qui tombent aussi bien qu’un costume sur-mesure. On prend. Je n’ai lu pour le moment, c’est vrai, que les premières pages. Mais c’est déjà tant.

4 septembre

Je n’écris pas, je raconte. C’est plat, sans intérêt, ça ne dit rien sur la langue. J’enchaîne les paragraphes pour faire avancer une intrigue et c’est désolant. Ce ne sont pas les mots qui portent le texte, mais la nécessité que le personnage passe par telle ou telle étape, et la marquise sortit à cinq heures. Voilà où j’en suis rendu. Pitoyable marionnettiste. Ce n’est pas au niveau. Et je suis dans cette bouillasse depuis des jours. A vouloir des personnages, à vouloir de l’action, à vouloir une histoire. Mais ce n’est pas la bonne option. Tout reprendre à zéro ou poursuivre et compter sur la réécriture ? Je ne sais pas si je saurais faire. Marasme, oui. Je tiens un (pas trop) mauvais roman de gare, sans doute. Mais ce n’est pas ce que je veux écrire. Pire, ça ne m’amuse pas, je n’y prends pas de plaisir. Il n’y a pas de flow, rien. Un truc mécanique, des mots qui se suivent. Une horreur.

5 septembre

Tout semblait bloqué hier matin, tout semblait débloqué en fin de journée. Une sorte d’euphorie au moment du « et si je faisais comme cela ? » Je tourne autour du texte depuis fin juillet, avec plusieurs fois l’impression de tenir quelque chose. Pour ça que je ne lâche pas. Il y aura sans doute d’autres découragements. Et, à la fin, espérer que tout semble évident.

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