J’ai pensé que

J’ai pensé que les brunes cherchent depuis longtemps leur revanche sur les blondes, Shakespeare déjà… Et tout cela pour…

J’ai pensé que les clichés étaient à la pensée ce que les meubles en kit étaient à l’ébénisterie.

J’ai pensé que l’histoire des grains de riz posés deux fois plus nombreux sur chacune des cases de l’échiquier pour finalement rendre riche le petit malin féru de mathématiques prouvait qu’inversement la flèche qui parcourait toujours la moitié de la distance la séparant de sa cible ne l’atteindrait jamais.

J’ai pensé que nous irions au bois, décrocher des lauriers, que tu verrais le loup, et me suis réveillé.

J’ai pensé que je n’imaginais pas qu’un jour fermerait la dernière unité de production de machines à écrire, ni que j’écrirai cette phrase sur le clavier virtuel d’un écran tactile.

J’ai pensé que, littéralement, il y avait presque redondance entre la fête du travail et la fête des mères.

J’ai pensé que conseiller d’état pouvait être un chouette boulot, mais que tout dépendait de quoi il était précisément question. D’état de grâce assurément, de manque, sans doute pas tant que ça, de trucs à faire, en aucun cas.

J’ai pensé que trop de « je », pas assez de « jeu », et le piège se refermerait sur les « j’ai pensé que ».

J’ai pensé que la somme des renseignements disponibles était le plus souvent inférieure à la quantité d’informations nécessaire.

J’ai pensé que je n’étais plus vraiment le même, qu’on changeait, oui, qu’on ne se reconnaitrait pas, et puis que d’un coup le petit garçon de dix ans pouvait encore pointer son nez sous les alluvions accumulés pour dire à quel point il avait encore envie qu’on réalise ses rêves de gamin.