Abonnez-vous à la lettre d'information

Chaque mois, cinq idées pour améliorer votre créativité éditoriale

359 – Côté

Elle avait d’elle-même une image floue. Trop grande, trop forte, trop radieuse, trop souriante. Trop exigeante. Elle se trouvait trop. Et souvent pas assez, pas assez cultivée, ignorant les codes, mélangeant jusqu’aux mots. Elle s’inventait des expressions : cerise sur le chapeau, main de verre dans un gant de velours, charrue avant les œufs. Elle riait grand mais en retard. Hésitant toujours à bien comprendre. Elle s’imaginait qu’il suffisait de se dire à l’écoute pour écouter, puis d’écouter pour entendre, et d’entendre pour décider. Elle avait des valeurs et les assénaient à la moindre occasion. Elle trouvait toujours une raison de ne pas les appliquer. Elle dénonçait. Elle s’engageait. Deux poids, deux mesures. Et pour elle tout ce qu’elle aurait voulu interdire aux autres. Elle avait ses raisons. Ses blessures aussi qui expliquaient tout. On ne pouvait décemment rien lui reprocher : elle avait enduré l’irréparable qui excuse d’avance toutes les hypocrisies. Elle était du bon côté, celui des opprimés.

Retour en haut