Parfois, les mots ne me renvoient pas à ce qu’ils désignent. On me dit une chose, et j’en vois une autre. C’est compliqué. Parce qu’à partir de là mon esprit vagabonde, et je ne sais plus du tout ce qu’on me dit. Mes interlocuteurs me trouvent absente. J’avoue. Je suis ailleurs. Cela peut m’arriver quand je lis, mais personne ne me le reproche. Je lis canard, vous voyez un oiseau, je vois un journal, ou un sucre trempé dans du café. On ne peut pas se comprendre. Et c’est comme cela en permanence. Souvent, les quiproquos sont amusants : je bute sur tous les homonymes. Le vert, le ver, le verre… ? C’est l’enfer. Mes amis se plient de rire devant mes regards perdus. Alors, le porc effiloché, pas besoin que je vous explique. Si ? Je le voyais réduit en bouilli, le pervers. C’est peut-être réjouissant, mais moins appétissant.
Eugénie m’a dit ce matin: Edouard, c’est toi qui t’occupe du déjeuner aujourd’hui. Du porc effiloché à 3, 99€, pourquoi pas? Comme disait ma mère, « On en a pour son argent ». A ce prix là il ne faut pas rêver, le photographe chargé de la publicité a dû se donner bien du mal pour rendre ces bribes de porc attrayantes. Pourquoi pas un bon saucisson de montagne bien de chez nous plutôt. Surtout qu’effiloché me rappelle les manches de mon vieux pull que j’aimais tant. Eugénie me disais: tu ne vas pas finir pas le jeter à la fin, il est tout effiloché. Alors pour cette la viande, ont-ils utilisé un vieux porc voué au rebut? Même à ce prix, même pour faire américain, je ne céderai pas à la tentation. Soyons fou, un bon steak fera l’affaire.