Chaleur, imperméabilité, confort. L’important dans un vêtement, c’est qu’il se fasse oublier. Je veux être toute entière à ce que je fais. La descente, la bosse à franchir, le virage à négocier. Je ne dois penser à rien d’autre que l’adhérence de la neige, le planté de bâton, la souplesse du genou. Je n’ai pas fait douze heures de route pour autre chose. Je ne m’enferme pas dans un studio miteux pour une autre raison. Je n’attends pas des heures aux remontées mécaniques pour le plaisir. Ce qui compte vraiment, c’est la descente et l’air givré dans mes poumons. J’oublie la veste comme tout le reste et je descend la piste. Je slalome, et j’évite la chute. Enfin, j’essaie, mais il y a toujours un sapin, ou un furieux qui vous coupe la route. Je maintiens mon équilibre jusqu’à la rupture des ligaments, jusqu’à la fracture ouverte. Et là, vraiment, la couleur de la veste n’aura pas la moindre importance.
La première fois que j’ai skié, je portais le costume de ski de mon oncle : veste cintrée et pantalon bouffant sur des chaussettes de laine. Je skiais difficilement, mais quand nous entrions dans le café des départs de pistes, mon vêtement attirait tous les regards, au grand amusement de mes amis. Avec moi, le vêtement ne se laissait pas oublier et les nombreuses chutes ont fini par trouer le pantalon.