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363 – Il promet

Il s’excuse et s’efface presque lorsque j’arrive à sa hauteur. Il est plus petit que moi, chétif, marqué de rides et de fatigue. Du même gris que l’enduit des façades. Il s’excuse et me laisse passer. Hagard. Légèrement vouté. Nos regards se croisent. Je souris, sans doute. Je souris et il me demande, très poliment, la direction. Il va vers les plateaux, au nord. Une résidence. À pied. Il ne peut pas prendre le bus. Oui, c’est par là. J’indique comment se rendre à la gare, et monter ensuite. C’est loin. Ce sera long. Il devrait prendre le bus. Il ne peut pas. Il ne semble pas non plus capable du chemin à pied. Il est épuisé. Si ça va ? Ce n’est pas ça. Il a dormi dehors. À la rue. Rien mangé depuis hier. Rien ce matin. Même pas un café. Il sort de prison. Je comprends. Qu’il soit dans cet état. Pas qu’on laisse sortir sans solution pour le jour qui suit. Il a rendez-vous. Un tuteur. Un logement. Il a fait six mois. Je ne veux pas savoir. Cela ne me regarde pas. Ni combien, ni pourquoi. Je fouille ma poche. De ma main à sa main, ce qu’il faut pour un café, un morceau de pain, le bus. Il n’a rien demandé. Se serrer les coudes, c’est tout. Qu’il monte jusqu’au plateau nord. Jusqu’à son nouveau départ. Il promet : s’il me croise un jour, il remboursera. Il promet.

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