Ce qu’il faut pour ne laisser aucune trace : la tenue des tueurs en série, ou de la police scientifique. Trop regardé de feuilletons américains, me direz-vous. Peut-être, et ce n’est pas de ma faute si le héros est rarement un peintre en bâtiment. Non, le héros n’est jamais non plus un futur père qui repasse à la peinture bleue la chambre de l’enfant, ou verte, ou rose. Le temps des quatre murs, c’est celui de quoi… trois, voire cinq épisodes, la longueur dépend de la surface. Rien qui tienne en haleine. Un gars en train de peindre la chambre de son fils à naitre. Peut-être, dans une biennale d’art contemporain, un stand improbable comme un pied de nez à ceux qui tentent de mettre leur vision sur la toile : le bricoleur du dimanche qui donne un coup de propre à la chambre à coucher. Rien à en faire : le scénario de mon week-end n’a pas été pensé à Hollywood.
Quand je dois repeindre le mur d’une pièce, je cherche un vieux pantalon et une vieille chemise pour me protéger des gouttelettes qui ne manqueront pas de postillonner. Impossible de me débarrasser de mes vieux vêtements, ils s’entassent au fond d’une commode interdite à mon épouse. Ah, ce vieux pantalon avec lequel j’ai fait cette marche mémorable, ce vieux sweatshirt qui me rappelle le camping du Lavandou! Que de souvenirs malgré les déchirures, les taches, les coutures béantes et le tissu élimé. Mes vêtements sont une part de moi-même que je ne saurais renier. Le jour où Alexandre m’a mis sous le nez une publicité de combinaison jetable en polypropylène, mon sang n’a fait qu’un tour. Du polypropylène! Pourquoi pas du tweed pendant qu’il y est.