Qu’importe que l’on se répète

Qu'importe que l'on se répète, si l'on peut
donner un air de nouveauté à ce que l'on a déjà dit ?
D'ailleurs, cette façon admirable de s'exprimer que vous
traitez de jargon, éblouit; elle donne à rêver ; heureux !
qui dans sa conversation peut avoir ce goût galant.
Quoi ! ne trouver toujours que les mêmes termes, ne
pas oser séparer les uns des autres, ceux qu'on a accou-
tumés de faire marcher ensemble! Pourquoi seroit-il
défendu de faire faire connoissance à des mots qui ne se
sont jamais vus, ou qui croyent qu'ils ne se convien-
draient pas : la surprise où ils sont de se trouver l'un
auprès de l'autre n'est-elle pas une chose qui comble,
et s'il arrive qu'avec cette surprise qui vous amuse, ils
fassent beauté, où vous croyez trouver défaut, ne vous
trouvez-vous pas singulièrement étonné? Faut-il qu'un
préjugé?….

via www.archive.org

"L'écumoire : histoire japonaise", Crébillon fils, 1735. Valu à l'auteur, pour d'autres raisons que la citation ici retenue, une semaine d'emprisonnement à Vincennes.

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