La Clinique des phrases (a)

Je n’invente pas la Clinique des phrases. Il s’agit d’une rubrique née chez L’Oreille tendue. Une bien belle rubrique, qui manie l’ironie, un peu, et donne à voir comment tout cela s’écrit. Beaucoup.

Je rends donc ici une forme d’hommage. L’occasion de montrer, aussi, à quoi peut servir une formation à l’écriture, car je ne suis pas totalement désintéressé.

Pour commencer, cette phrase, donc. Vous noterez ma mansuétude : je ne cite pas ma source.

Connu de la justice, son comportement ne manque pas d’étonner, comme ces selfies qu’il prend avec ses clients devant le Palais de justice avant l’audience, ou son vocabulaire, lorsqu’on lui demande de rendre ses conclusions.

Pour démarrer, cette apposition manifestement fautive : si son comportement « ne manque pas d’étonner », ce n’est sans doute pas lui qui est « connu de la justice », mais l’homme concerné. On écrira donc plutôt (mais j’admets que je peux me tromper sur l’intention de l’auteur, c’est un peu flou dans la phrase originelle, je dois bien choisir une option) :

Il est connu de la justice mais son comportement ne manque pas d’étonner, comme ces selfies qu’il prend avec ses clients devant le Palais de justice avant l’audience, ou son vocabulaire, lorsqu’on lui demande de rendre ses conclusions.

Tant que nous y sommes, allégeons un peu la suite, en supprimant cette négation inutile :

Il est connu de la justice mais son comportement étonne, comme ces selfies qu’il prend avec ses clients devant le Palais de justice avant l’audience, ou son vocabulaire, lorsqu’on lui demande de rendre ses conclusions.

On peut être encore plus fluide :

Il est connu de la justice mais son comportement étonne : il prend des selfies avec ses clients devant le Palais de justice avant l’audience, ou son vocabulaire, lorsqu’on lui demande de rendre ses conclusions.

Il ressort distinctement que cette histoire de vocabulaire est bizarrement relié au reste, sans doute parce que « vocabulaire » est relié au verbe « étonner », mais pas équivalent au fait de s’adonner au selfie. Pas simple à suivre. On gagnera à séparer ce qui se relie mal, d’autant que la phrase est longue.

Il est connu de la justice mais son comportement étonne : il prend des selfies avec ses clients devant le Palais de justice avant l’audience. Son vocabulaire dénote détonne lorsqu’il rend ses conclusions.

Allez, on a directement simplifié la fin : ce n’est pas lorsqu’on lui demande de rendre ses conclusions que son vocabulaire dénote, mais bien lorsqu’il les rend…

A votre service, comme conclut souvent L’Oreille tendue.

3 réflexions sur “La Clinique des phrases (a)”

  1. Michèle Cossette

    Il « dénote » quoi, son vocabulaire?
    Dénoter : être le signe de qqchose. Exige un complément.
    Vous vouliez sans doute écrire « détonner » (avec deux n).

    1. Tonnerre de Brest ! Oui, il aurait dû détonner.
      Donc selon ce lien tout à fait respectable, ce serait un lapsus : https://www.grevisse.fr/le-blog-chroniques-grevisse/faux-amis/denoter-detonner

      L’académie française consacre une note à cette interversion : http://www.academie-francaise.fr/denoter-pour-detonner
      Et cette précision : « on entend malheureusement de plus en plus l’erreur »

      A tel point que le Wiktionnaire indique un usage intransitif de dénoter, un usage « non standard », mais bien un usage : https://fr.wiktionary.org/wiki/d%C3%A9noter

      Alors, oui, c’est détonner qu’il fallait utiliser, selon le bon usage.

      1. Je raye dans l’article (mais laisse une trace de l’erreur sans laquelle ces commentaires seraient incompréhensibles).

        Merci Michèle.

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