Capitaine de soirée. Toujours sur moi que ça tombe. Parce que j’ai le permis, et une voiture. Pas touche à l’alcool. Alors, pendant que les copines échevelées se déhanchent sur le dance floor, je me retrouve à discuter avec l’intello de service. J’en apprends des trucs sur l’empire ottoman et la place des femmes à Byzance. Passionnant. Je bois des cocktails à base de jus de fruits et de sirop, de zestes de bergamote et de copeaux de gingembre. Mes soirées avancent au rythme des pinas coladas sans rhum et des virgin mojitos mentholés. L’heure tourne et je suis toujours plus lucide que les garçons qui m’abordent. Et je suis généralement désespérée par leurs tentatives maladroites de séduction, bafouillantes et approximatives. Leur regard vitreux, leurs blagues éculées, leurs mouvements de plus en plus erratiques ne laissent guère de doute sur leur absence totale d’intérêt. Il s’en trouve cependant parfois un que je laisse monter dans la voiture et s’endormir sur la banquette arrière.